Le mildiou de la vigne a contourné les gènes de résistance
La nouvelle est tombée comme un couperet. Les virulentes attaques de mildiou observées sur variétés résistantes cet été dans des vignes du Gard et du Vaucluse proviennent bel et bien d’un contournement de la résistance.
La nouvelle est tombée comme un couperet. Les virulentes attaques de mildiou observées sur variétés résistantes cet été dans des vignes du Gard et du Vaucluse proviennent bel et bien d’un contournement de la résistance.

« Il y a eu apparition de deux souches de mildiou virulentes et différentes, sur deux parcelles distinctes, qui se sont adaptées aux gènes de résistance des variétés artaban et vidoc, informe Christian Lannou, directeur scientifique adjoint agriculture à l’Inrae. Le contournement de résistance est donc confirmé. » « Il y a un gène qui décroche sous la pression de la maladie, mais ce n’est pas toujours le même », renchérit Éric Chantelot, directeur du pôle Rhône-Méditerranée de l’IFV et expert national Ecophyto. Et de poursuivre : « sur l’une des trois parcelles ayant eu un réel décrochage cet été, il y a deux variétés côte à côte avec deux gènes différents contournés ».
Les variétés résistantes sont à renforcer avec deux traitements annuels
Ces phénomènes d’adaptation des résistances sont bien connus dans les autres cultures comme le blé ou le maïs. Néanmoins, c’est un coup dur pour la filière viticole, qui mise sur cet outil pour diminuer son recours aux pesticides. « Cela arrive partout, sur toutes les cultures, ce n’est pas exceptionnel », rassure Christian Lannou. Et d’illustrer : les variétés résistantes sont comme une première ligne de défense, qui, si elle est seule, reste fragile. La seconde ligne de défense doit être prophylactique.
Pour le directeur scientifique adjoint, cette prophylaxie doit être de plusieurs ordres. Tout d’abord, il est primordial de réaliser deux traitements en encadrement de la fleur. « Il faut traiter en préventif, quand les populations sont très basses, afin de les supprimer totalement, martèle Christian Lannou. Ce serait encore mieux de faire, en supplément, un traitement en postvendange, pour éviter tout problème la campagne suivante. »
Une bonne prophylaxie est de mise
Les deux traitements en encadrement de la fleur sont préconisés depuis le lancement des variétés résistantes sur le marché, mais pas toujours mis en pratique sur le terrain. « Les viticulteurs des parcelles concernées disent avoir traité, rapporte Éric Chantelot. Mais peut-être ne l’ont-ils pas toujours fait dans les conditions idéales. » Le but de cette protection est en effet de prévenir toute flambée de la maladie et non d’intervenir une fois que la pression est importante. Selon les années et les campagnes, un troisième traitement peut être envisagé, si la pression est importante à l’issue des deux passages. Ou les deux passages peuvent être décalés en fonction de la météo ou de la pression.
Une bonne gestion de l’inoculum est également indispensable, au même titre que sur les parcelles classiques. « Les décrochages sont survenus dans des secteurs qui ne sont pas des grosses zones à mildiou, poursuit Éric Chantelot. Les viticulteurs sont moins vigilants sur cette maladie. » Une bonne gestion de l’herbe, un épamprage précoce des pieds et soigné des têtes, un premier levage tôt, ou encore une limitation de la vigueur de la vigne sont de rigueur pour protéger la vigne, qu’elle soit classique ou résistante. Un bon drainage de la parcelle est également de mise, les parcelles ayant décroché cette année se situant dans des bas-fonds, avec des sols profonds.
Dernière recommandation des experts : bien observer ses parcelles de vignes résistantes et signaler toute contamination au plus vite pour réagir efficacement. Moyennant cela, de nouveaux contournements ne devraient pas se produire. Quant aux secteurs de décrochage identifiés en 2024, ils seront sous surveillance accrue cette année, afin d’éviter l’expansion des souches résistantes.
Les facteurs de risque
- La présence de variétés résistantes monogéniques à proximité pourrait augmenter le risque de contournement,
- Le contexte pédoclimatique,
- L’absence de précautions (zéro traitement).
Pensez au réseau Oscar
Si vous avez planté des variétés résistantes, n’hésitez pas à rejoindre le réseau participatif Oscar (Observatoire national du déploiement des cépages résistants), afin de contribuer à la surveillance du déploiement des variétés résistantes en vue d’anticiper les risques d’évolution des populations de mildiou et d’oïdium, et de partager les expériences sur le comportement de ces variétés dans différents systèmes de culture. Pour vous inscrire, c’est par ici.