[Space 2022] Grippe aviaire : les chiffres clés d’une crise majeure
Si la France a renoué en 2021 avec la croissance de la production de volailles (+ 2,1 % en volume), elle décroche sous les coups de la grippe aviaire.
Si la France a renoué en 2021 avec la croissance de la production de volailles (+ 2,1 % en volume), elle décroche sous les coups de la grippe aviaire.
L’impact de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) sur la filière volaille française est massif. Le second producteur de volailles en Europe est le premier pays frappé par l’IAHP. Selon un décompte présenté par l’Itavi dans une conférence donnée au salon international Space de Rennes, 19 millions de volailles ont été abattues préventivement en France entre novembre 2021 et juin 2022, soit 37 % du total de l’UE-26 (33 % en Italie).
1 400 foyers ont été identifiés en France (2 400 dans l’UE-26) durant la période dont 860 dans les Pays de la Loire, région qui concentre 23 % de la production nationale. Dans sa communication réalisée en septembre, l’Anvol se veut rassurante. « Dès le début, les acteurs se sont massivement mobilisés (et sont) aujourd’hui en ordre de marche pour assurer une reprise de la production dans les meilleures conditions ».
Les filières subissent des pertes énormes
Mais les filières essuient des pertes jamais atteintes (- 800 millions d’euros en sortie élevage et génétique export sur l’année 2022, plus de 1 milliard attendu d’ici la fin de l’année). En outre, l’IAHP n’a pas frappé que des élevages de production. Le virus a touché aussi des sites de sélection et de reproduction (1,6 millions de volailles abattues). Le redémarrage de la production pourrait donc être plus difficile que prévu.
D’ores-et-déjà, les mises en place sont inférieures de 13 % sur les sept premiers mois de 2022 comparativement à la même période de 2021 (- 5 % pour les pondeuses, - 49 % pour les canetons. Selon une projection de l’ITAVI, les prévisions d’abattage à la fin 2022 devraient être en baisse de 39,5 % en canards gras, de 32,7 % en canards à rôtir, de 4,4 % en poulets de chair.
La moité des poulets consommés sont importés
Logiquement, la part des importations a progressé pour approvisionner les Français, premiers consommateur de viande de volaille de l’UE-26. En l’espace de trois ans (second trimestre 2022/2019), les importations de poulets, espèce la plus consommée, ont progressé de 26 %. « La France importe désormais la moitié des poulets qu’elle consomme », indique le directeur de l’Anvol, Yann Nédélec.
Cette crise sanitaire se conjugue avec la forte inflation des prix de l’aliment et de l’énergie, conséquence de la reprise de l’activité post-covid (2021) et surtout de la guerre en Ukraine (2022). Selon l’Itavi, le coût de production moyen en poulet a bondi en deux ans au second trimestre 2022 de 44 %. Une hausse imputable aux trois quarts à l’explosion du prix de l’aliment qui représente 75 % du coût de production en moyenne.
Les filières disposent bien de quelques aides : indemnisation sanitaire pour les élevages touchés par l’IAHP, de pertes économiques pour les élevages situés en zone de mouvements restreints, plan de résilience pour couvrir les surcoûts alimentaires). Quant à la prise en charge par l’État d’une éventuelle vaccination, « on en est encore très loin et elle ne fait l’objet d’aucune discussion à ce jour », commente Maxime Quentin, directeur scientifique de l’ITAVI. Le directeur de l’ANVOL Yann Nédélec n’a, lui non plus, « aucune information concernant une éventuelle prise en charge de la vaccination par l’État. L’État participe au financement de l’expérimentation, c’est tout pour l’instant. »