L’Institut de l’élevage trouve où va l’agneau
Connaître précisément les débouchés de la viande ovine en France, avec leurs volumes, le type d’animaux et les évolutions constitue une information stratégique pour la filière. « Où va l’agneau » est une étude réalisée par l’Institut de l’élevage, à la demande d’Interbev.
L’étude « Où va l’agneau », réalisée par l’Institut de l’élevage et commandée par la section ovine d’Interbev, a pour but de décrire les principaux débouchés de la viande ovine, et ce, pour les différentes catégories d’ovins.
Réalisée une première fois en 2014, elle a été mise à jour sur l’année 2021 : il faut donc bien avoir en tête des effets avérés du contexte sanitaire particulier et du Brexit sur les résultats observés. La comparaison entre les deux années d’études met tout de même en exergue de grandes tendances de la filière ovin viande en France, permettant d’éclairer les professionnels.
80 entreprises, 50 entretiens
Cette étude mêle données publiques (abattages, exportations, importations, …) et privées : plus de 80 entreprises des différents maillons de la filière ont été contactées conduisant in fine à une cinquantaine d’entretiens et à la fourniture de multiples données sur leurs approvisionnements et débouchés en viande ovine. Ainsi, en imbriquant toutes ces informations, le cheminement de la viande ovine commercialisée en France, tant produite sur notre territoire qu’importée, a pu être estimé.
Dans un premier temps, les données publiques ont permis de faire le constat d’une baisse progressive de la consommation française de viande ovine depuis 2006, d’abord due à une rétractation des importations, jusqu’en 2022, puis des abattages français. En 2024, la baisse des abattages comme des imports provoque le recul de l’offre.
Un taux d’importation en dents de scie
Les données issues des entretiens nous ont permis de caractériser la répartition de la viande ovine commercialisée en France : progression de la part d’ovins abattus en France comparée à 2014, de 43 à 52 % des volumes. La part de l’import dans le disponible français a en effet baissé depuis 2009, jusqu’à atteindre son point bas en 2021, principalement en raison du Brexit commercial qui a fait chuter les envois britanniques. Elle repart ensuite à la hausse pour atteindre 57 % du disponible consommable en 2023.
Parmi les viandes d’import, on remarque une forte progression de l’origine Espagne aux dépens des autres pays fournisseurs (Royaume-Uni, Irlande et Nouvelle-Zélande) entre 2014 et 2021. Côté français, les agneaux Siqo et lacaune, tout comme les ovins adultes abattus en France ont gagné du terrain.
Les GMS, le premier débouché
Les débouchés de la viande ovine commercialisée en France ont ensuite été observés, dans un premier temps pour la viande ovine française, puis pour la viande d’import et enfin pour le total disponible en France. La viande ovine française était principalement commercialisée en boucheries, avec une part non négligeable de boucheries rituelles, puis en grandes ou moyennes surfaces (GMS).L’import, moins cher, était en revanche d’abord commercialisé en GMS, puis en boucheries rituelles, puis en restauration hors domicile (RHD) collective. Finalement, pour le total de la viande ovine consommable commercialisée en France (français et import), on note que la GMS restait le premier débouché, même si elle perdait des parts de marché comparé à 2014.
Une consommation halal dynamique
La boucherie a au contraire vivement progressé, en particulier la boucherie rituelle (surtout halal). La RHD reste un petit débouché en viande ovine et on note un net recul de la part de la RHD commerciale. Ces observations sont à croiser avec le contexte sanitaire de 2021 qui a privilégié les commerces de proximité (notamment les boucheries) aux dépens des GMS et contraint les restaurants à fermer durant des mois.
Enfin, à la demande des professionnels, un focus sur le halal a été fait, attestant des observations de ces derniers quant à l’importance croissante de ce débouché pour la filière ovine française. L’ouverture de nombreuses boucheries halal a notamment été soulignée, tout comme la banalisation de leur fréquentation par un public non musulman mais en recherche de bas prix, particulièrement lors de l’année 2022 durant laquelle nombre d’entretiens ont eu lieu.