Les brebis consomment plus d'aliment et d'eau qu’il y a 50 ans
La capacité d’ingestion des brebis aurait augmenté de 50 % en un demi-siècle dans certains cas selon les premiers résultats d’un projet sur l’ingestion et la consommation d’eau.
La capacité d’ingestion des brebis aurait augmenté de 50 % en un demi-siècle dans certains cas selon les premiers résultats d’un projet sur l’ingestion et la consommation d’eau.

« Les dernières références sur la capacité d’ingestion datant de 1978, on commence à remarquer une différence sur le terrain. » Mickaël Bernard, ingénieur de l’Institut de l’élevage au Ciirpo, présentait en juillet dernier les premiers résultats du projet CIBRésil, pour une meilleure connaissance des capacités d’ingestion des brebis pour des élevages ovins plus résilients.
Mené de 2022 à 2026, le projet coordonné par l’Inrae et financé par FranceAgriMer a pour but d’actualiser les données en matière d’ingestion de fourrages afin d’optimiser le rationnement des brebis allaitantes et laitières.
L’étude se concentre sur deux stades physiologiques cruciaux : la fin de gestation et la phase d’allaitement. Pendant quatre mois et demi, l’équipe a suivi l’alimentation et les refus de 16 lots de six brebis de race Mouton vendéen et de brebis issues du croisement des races Île-de-France et Romanov (F1).
Une ingestion nettement meilleure
Les résultats sont frappants. « Pour la F1, on observe que dans tous les cas, l’ingestion est toujours plus importante qu’il y a quarante-cinq ans », s’enthousiasme l’ingénieur. En fin de gestation, l’ingestion atteint 1,8 kilo de matière sèche par brebis et par jour, contre 0,9 kilo pour les dernières références.
Cependant, l’allure de la courbe change. À trois semaines de la mise bas, l’ingestion diminue, contrairement aux anciennes données. « Cela pourrait s’expliquer par le développement fœtal mais comme nous appliquons une variation de concentrés au même moment, il est impossible de conclure avant de mener des recherches supplémentaires sur la substitution. »
Pendant la lactation, l’ingestion des F1 semble augmenter de façon presque continue, jusqu’à atteindre plus de 2,5 kilos de matière sèche par brebis et par jour avec des fourrages encombrants. Les données précédentes montraient plutôt une augmentation puis une baisse de l’ingestion à partir de la septième semaine de lactation, avec un pic à 1,75 kilo de matière sèche par brebis et par jour.
Les Moutons vendéens mangent moins
L’augmentation de la capacité d’ingestion par rapport aux données de 1978 est moins nette pour le lot de Moutons vendéens, restant autour d’un kilo de matière sèche par brebis et par jour. Toutefois, on observe également une baisse de l’ingestion en fin de gestation, comme pour la F1. Pendant la phase de lactation, de même que pour la F1, on observe une courbe croissante plutôt qu’un pic d’ingestion entre quatre et six semaines.
« Après cinquante ans d’amélioration génétique des races ovines, il est cohérent de constater une augmentation de la capacité d’ingestion des brebis, au moins pour certaines races. Mais les tendances des courbes semblent avoir évolué. »
Pas d’impact du poids de l’animal
« On n’observe pas de différence significative entre les brebis lourdes [80 kilos pour les F1 et 82 kilos pour les vendéens] et les brebis légères [71 kilos pour les F1 et 68 kilos pour les vendéens]. Le poids n’apparaît donc pas comme un facteur déterminant de la capacité d’ingestion, comme on a pu le penser jusque-là. Ces résultats sont toutefois à renforcer par d’autres expérimentations en cours. »

Les mesures de consommation d’eau devront également être revues et mises à jour, puisque certaines références encore utilisées actuellement se basent sur les données en vaches laitières.
En fin de gestation, les brebis voient leur consommation d’eau augmenter, jusqu’à huit à neuf litres par jour. Deux semaines après la mise bas, elles boivent entre dix et douze litres d’eau par jour, avant de réduire leur consommation pendant la phase d’allaitement. Les Moutons vendéens consomment globalement moins d’eau que le lot F1, autour de quatre à cinq litres par jour en fin de gestion, même si les courbes suivent les mêmes tendances.