Volaille : ce projet d'usine à Dunkerque qui inquiète la Coopération Agricole Nutrition animale
Le néerlandais De Heus souhaite implanter, sur le port de Dunkerque, une usine pour produire 400 000 t/an d’aliments pour animaux à destination notamment de poulets lourds intéressants les abattoirs en Belgique, aux Pays Bas ou en Bourgogne d’un autre groupe néerlandais, Plukon, dont il est actionnaire.
Le néerlandais De Heus souhaite implanter, sur le port de Dunkerque, une usine pour produire 400 000 t/an d’aliments pour animaux à destination notamment de poulets lourds intéressants les abattoirs en Belgique, aux Pays Bas ou en Bourgogne d’un autre groupe néerlandais, Plukon, dont il est actionnaire.

Les fabricants d’aliments pour animaux des Hauts-de-France et de Normandie s’inquiètent. Ils produisent au total moins d’un million de tonnes dans une dizaine d’usines (1) et font valoir collectivement leurs arguments face à un projet de construction d’une nouvelle usine : le néerlandais De Heus voudrait en effet construire, sur le port de Dunkerque, une unité de 400 000 t pour un investissement probable de 60 M€.
Lire aussi : Non déforestation, l’incertitude accentuée par les élections
Vers une fermeture d'usine d'aliment volaille dans le Nord ?
Dans un marché tendu qui perd des volumes et vit une concurrence croissante avec des aliments fabriqués en Belgique, un tel projet conduirait inévitablement à la fermeture d’autres usines avec des conséquences sur l’emploi des 350 salariés actuels. Et provoquerait des bouleversements sur l’ensemble de la filière avicole locale, déjà sollicitée par des opérateurs belges à la recherche de volailles en vif pour alimenter leurs outils d’abattage. La règlementation environnementale en Belgique, comme aux Pays-Bas, interdit en effet de fait l’extension des bâtiments ou la construction de bâtiments neufs alors que la demande sociétale demande plus d’espaces de production, tant pour une question de bien-être animal (poulets dit « european chicken comitment » avec une moindre densité dans l’élevage) que de consommation vers plus de produits transformés nécessitant des poulets plus lourds destinés à la découpe.
Traditionnellement, les éleveurs de la Région se tournent vers une vente « spot » aux prix fixés par le marché de Deinze en Belgique tous les mercredis. Leur rentabilité est largement liée au poids produit par m2.
Des aliments importés plus compétitifs
Pour David Saelens, président de la coopérative Novial et, au niveau national, de La Coopération Agricole Nutrition animale, un tel projet aurait de multiples conséquences négatives.
« Notre métier ne dégage que de très faibles résultats or, ici, nous parlons d’un investissement de 60 M€ ».
« Notre métier ne dégage que de très faibles résultats or, ici, nous parlons d’un investissement de 60 M€ qui va profondément bouleverser notre zone des Hauts de France, mais aussi de Normandie et jusqu’à Paris. Nous ne mettons pas en cause la technicité de De Heus. Ce groupe familial, qui appartient à la troisième fortune des Pays-Bas, est présent dans le monde entier. Mais le modèle d’une telle implantation, pour nourrir des volailles élevées dans notre région, s’appuierait sur la transformation directement sur le port, de céréales importées d’Ukraine ou de Russie donc moins chères que nos filières locales qui s’approvisionnent en origine France ».
« Une telle implantation (...) s’appuierait sur la transformation directement sur le port, de céréales importées d’Ukraine ou de Russie donc moins chères que nos filières locales qui s’approvisionnent en origine France ».
Parfaitement conscient que le port de Dunkerque a besoin de flux, les opérateurs réfléchissent à la manière d’y regrouper leurs importations de soja par exemple, avec un potentiel de 250 000 t. Ils réfléchissent aussi à organiser de nouveaux flux à partir du canal Seine – Nord Europe (projet Seine-Escaut) qui devrait être totalement opérationnel en 2030.
Plukon se développe rapidement
Au-delà de la nutrition animale, le projet aurait un impact sur toute la filière volaille de la grande région. De Heus est notamment actionnaire du groupe néerlandais Plukon qui a repris le volailler Duc en 2017. Très présent en abattage et transformation de volailles ce dernier se développe rapidement dans l’UE. Il est implanté aux Pays-Bas, en Allemagne, en Belgique, en France (dont l’abattoir de Chaillet en Bourgogne), en Espagne, en Pologne.
(1) Les fabricants d’aliments du Nord et de l’Est de la France se regroupent au sein de l’association régionale Nutriarche, fondée en 2015. Dans la zone potentiellement impactée par le futur projet de Dunkerque, Novial possède trois usines (capacité 350 000t), Unéal deux site (240 000t), Sanders également deux (environ 300 000t) auxquelles il faut ajouter les opérateurs comme Sabe (propriété du belge Aveve, 100 000t) et le Normand Nat’up (100 000t).