Une mutation rapide pour l’industrie laitière
Les industriels laitiers sont très pessimistes quant à leur avenir. À l’occasion de l’assemblée générale de leur fédération qui se tenait hier, le président, Xavier-Paul Renard, a expliqué s’attendre « à une période très perturbée et à des ruptures fortes liées à la conjonction de facteurs difficilement maîtrisables : l’évolution de la consommation, la réforme de la Pac et la gestion des marchés par la Commission, sans oublier les futures pressions de l’OMC».
Dans ce contexte défavorable, M. Renard estime que pour se relancer, la filière laitière doit avant tout battre en brèche certaines idées reçues. « Non», juge-t-il, « la baisse du prix du lait ne se répercute pas dans les prix négociés avec la grande distribution. Au cours des deux dernières années, nous n’avons pas dégradé la valorisation des prix de vente de nos PGC. Ils ont même progressé en premiers prix et MDD de 1,2 % ?».
Le président de la Fnil a également combattu l’idée évoquée par certains d’abandonner les produits industriels mal valorisés pour les PGC : « Si on veut maîtriser la valorisation des PGC, il ne faut pas en transformer plus que ce que le marché peut absorber ».
Dans la foulée, il s’est opposé à la massification vue comme une solution miracle notamment parce qu’en France, l’objectif des industriels « est d’apporter davantage de valeur ajoutée par la diversité de l’innovation, par la re segmentation de certains grands marchés européens ou le développement d’ingrédients spécifiques ».
Enfin, concernant la délocalisation, M. Renard considère qu’elle n’est envisageable que dans certains cas (activité exportatrice conséquente, pour les poudres grasses…). « La problématique sera différente lorsque les restitutions disparaîtront » prévient-il. « Le choix sera alors, pour les entreprises, soit de perdre leurs marchés et les circuits commerciaux qu’elles ont établis, soit de trouver des solutions pour conserver leurs clients ».
Cinq pistes à explorer
Une fois ces principes posés, M. Paul Renard, estime que cinq leviers peuvent être actionnés.
Le prix du lait dont la fixation est actuellement rediscutée avec les producteurs ; la maîtrise de la production en s’opposant à l’augmentation automatique des quotas ; l’évolution des relations entre producteurs et industriels à travers entre autres « l’accélération de la mise en place de la Charte de bonnes pratiques» ; l’adaptation aux attentes du consommateur passant par une re segmentation plus fine d’un certain nombre de grands marchés et donc par une innovation encore plus dynamique.
Et enfin, l’adaptation de la stratégie des entreprises à travers la poursuite de la modernisation, le cas échéant par des restructurations.