« Une barre chocolatée peut alléguer, c’est scandaleux »
Les Marchés Hebdo : Comme membre du Beuc, vous soutenez la lettre envoyée récemment à la Commission pour réclamer la mise en place de profils nutritionnels, pourquoi ?
Olivier Andrault : Les grands groupes se sont rendu compte que pour être préférés, il fallait ajouter du gras, du sel ou du sucre, pas cher. Malgré les engagements volontaires, selon l’Oqali, la quantité de sucres simples consommés par jour par les enfants est passée de 100 à 99 grammes. C’est encore plus faible pour les acides gras saturés et le sel. La qualité nutritionnelle des aliments est tellement mauvaise en Europe que les Britanniques ont décidé de fixer des objectifs quantifiés de baisse de sucre, sel, gras pour chaque filière alimentaire. Pour s’y retrouver, le consommateur n’a que le tableau d’analyse nutritionnelle. Mais pour se faire une appréciation, il faut du temps, des lunettes et une calculette. Or, aujourd’hui les allégations de santé, nutritionnelles et fonctionnelles, qui font vendre, peuvent être portées par n’importe quel produit. Si une barre chocolatée contient suffisamment d’extraits de calcium, elle peut alléguer, c’est scandaleux ! D’où l’intérêt des profils nutritionnels.
LMH : Cinq grands groupes vous ont rejoint dans ce combat, une bonne chose ?
O. A. : Oui, il y a une volonté de certains groupes d’obtenir les bénéfices de la valorisation nutritionnelle de leurs produits.