« Un système de “bonus-malus” carbone serait incitatif »

Christian de Perthuis, fondateur de la chaire d'économie du climat à l'université Paris-Dauphine.
Les Marchés Hebdo : À l'approche de la Cop 21, vous prônez un prix international du carbone. Comment inciterait-il à réduire le réchauffement climatique ?
Christian de Perthuis : Un système de « bonus-malus » fonctionnerait ainsi : un pays émet plus de gaz à effet de serre que la moyenne mondiale par habitant, il a une dette (le malus) à l'égard de la collectivité, calculée comme l'écart de ses émissions à la moyenne multiplié par sa population. Il émet moins que la moyenne ? Il a une créance (le bonus), calculée symétriquement. La somme des bonus étant égale à celle des malus. Le système incite tous les pays à réduire leur émission plus vite que les autres pour réduire leur malus ou conserver leur bonus. Si on fixe le bonus à 7 dollars la tonne de CO2, on transfert 100 milliards de dollars par an depuis les pays fortement émetteurs vers les pays les moins émetteurs qui regroupent les pays les plus pauvres.
LMH : Comment en tirer parti dans l'agriculture et l'agroalimentaire ?
C. P. : Pour les émissions de CO2 liées à l'usage de l'énergie, l'agriculture sera au même régime que les autres secteurs. Pour les émissions de méthane et de N2O comme pour celles liées aux changements d'usages des sols, l'approche par projets rémunérés à l'aide de crédits est parfois plus opérationnelle.