Toujours sous pression
La situation reste incertaine sur le marché des oléagineux. Après la « purge » liée aux liquidations massives par les fonds de leurs positions, le marché se retourne vers ses fondamentaux et demeure sous pression.
La levée des incertitudes sur le niveau de la récolte sud-américaine amoindrit l’intérêt des spéculateurs pour le soja. La tendance maintenant sera imprimée par le niveau des semis aux États-Unis et pour le moment le rapport semble nettement favorable au maïs, ce qui à moyen terme pourrait redonner du tonus au soja. Les premières graines brésiliennes arrivent sur le marché, et les cultures sont bien avancées en Argentine. Les idées se précisent sur la production dans l’hémisphère sud et le « weather market » s’essouffle pour laisser place à plus de certitudes.
La production rebondit en Amérique du Sud
Peu à peu l’Amérique du Sud, qui représente la moitié de la production mondiale de soja, prend le relais des États-Unis comme leader du marché. Cette année la production brésilienne pourrait atteindre 71 à 72 millions de tonnes (Mt ) selon certains analystes. En Argentine les estimations de production, qui n’ont cessé de dégringoler au gré de La Niña entre octobre et janvier, remontent depuis qu’il pleut et elles s’établissent à nouveau autour de 50 Mt. Ainsi l’offre en graines semble plus confortable que les anticipations du marché le mois dernier, ce qui milite pour une détente des cours. Autre élément qui va dans le sens de la détente des fondamentaux, quelques inquiétudes sur la dynamique des importations chinoises. En février, ce sont seulement 3,13 Mt de fèves qui ont été importées dans les ports de Chine. Et, pour les mois de mars et avril, on s’attend à des quantités du même ordre, ce qui fait dire à certains analystes que l’estimation du département américain de l’Agriculture, qui porte les importations de la Chine pour cette campagne à 57 Mt, sera difficile à atteindre.
Schizophrénie sur le marché de l’huile
Pour les huiles, la situation reste complexe. L’offre peine à satisfaire la demande et le rationnement par les prix semble toujours nécessaire. Coincé entre ses fondamentaux et les évènements politiques, le cours de l’huile sur le marché de Chicago est atteint de schizophrénie ! Entre le 9 février où le prix de l’huile est à son plus haut de la campagne et mercredi 23 février, le prix n’a cessé de faire le yoyo avec des variations journalières atteignant 30 à 35 dollars la tonne à la hausse puis à la baisse. Le contexte politique dans les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient souffle un vent de panique sur les marchés. La peur gagne les investisseurs qui fuient les valeurs les plus risquées comme la Bourse et les matières premières. Seul l’or, valeur refuge, et le pétrole au cœur du risque politique, se sont inscrits en hausse ces deux dernières semaines. L’instabilité politique pousse les fonds à sortir massivement de leurs positions sur le soja, le blé et en dernier lieu le maïs. Mais la baisse de l’huile de soja conjuguée à la hausse du pétrole risque d’accroître la demande en biodiesel, donc en huile végétale, donc en graines.