Récolte record d'arabica attendue au Brésil
![](https://medias.reussir.fr/lesmarches/styles/normal_size/azblob/2023-06/3260057_image_0016_0047.jpg.webp?itok=2E8tq-OE)
> La récolte brésilienne aurait déjà évité le gros des risques de gel.
La guerre des chiffres fait rage dans le milieu fermé du commerce international du café. Les deux instituts de statistiques nationaux du Brésil, la Conab et l'IBGE, prévoient à l'unisson un volume global de la récolte en cours, qui s'échelonne de mai à septembre, autour de 51 millions de tonnes (Mt), tandis que le Département américain à l'Agriculture (USDA) table sur 56 Mt, dont 43,9 Mt d'arabica et 12,2 Mt de robusta. « Les prévisions de l'USDA sont plus proches de la réalité, bien que surestimées pour ce qui est de la récolte de robusta », avoue le chercheur brésilien Renato Ribeiro, de l'Université de São Paulo. L'enjeu serait d'influencer les cours du café à la Bourse de New York où l'on cote les variétés arabiques d'Amérique latine.
La récolte brésilienne aurait donc déjà évité le gros des risques de gel, et seule la qualité des fèves d'arabica serait en péril dans le Minas Gerais. Cette moisson record serait d'ailleurs surtout le fait de la hausse de production d'arabica, celle que demandent les importateurs européens. Français comme Allemands, Italiens et Suisses couvrent entre le quart et le tiers de leurs achats d'arabica auprès du Brésil. Les réexportations de café torréfié ou soluble entre pays membres de l'Union européenne sont courantes.
Les cours sont “stables depuis 2 ans
La production de café au Brésil reste l'une des plus sûres et rentables. À tel point que les quelque 287000 producteurs du pays gardent souvent leurs fèves à la ferme comme valeur d'épargne. « Les cours sont stables depuis deux ans autour de 500 réaux (environ 2,2 €/kg, ndlr) le sac de 60 kg d'arabica et de 350 à 400 réaux pour le robusta produit à São Paulo qui s'exporte aussi bien en grain que soluble », renseigne le producteur Breno Mesquita, qui exploite 40 hectares dans le Minas Gerais. Président de la commission du café de la CNA, il dit que « [leur] marché intérieur est [leur] plus gros débouché avec 20 Mt consommées au Brésil bon an mal an. Son taux de croissance est supérieur de 3 % par rapport à celui de la consommation mondiale de café ».
Les exportations se sont repliées vers l'EuropeLes exportations brésiliennes de café vers l'Europe se sont au contraire repliées lors des six premiers mois de l'année, par rapport au premier semestre 2015, très nettement en France (-13,64 %) et en Belgique (-16,22 %), mais aussi en Allemagne (-8,89 %) et en Italie (-3,11 %), selon le Conseil des exportateurs du Brésil (Cecafé). Ces quatre pays de l'UE font partie des dix plus gros marchés d'export du café brésilien.
L'effet baissier accusé par les cours du café à New York après la confirmation d'une offre brésilienne abondante l'est d'autant plus que le pays voisin, le Pérou, lui aussi entamerait une belle moisson, dont une partie finit d'ailleurs au Brésil au grand dam des représentants de la filière brésilienne. Leur autre préoccupation est l'image du café du Brésil dans le monde. En témoigne leur réponse indignée à la publication en avril dernier d'un rapport d'une ONG danoise, Danwatch, baptisé « café amer », qui dénonce le travail clandestin dans certaines exploitations du Brésil. Furieux, les Bré-siliens ont mis en avant la certification socio-environnementale de près de 20 millions de sacs de café vert. Marcel Marin