Rebuts et invendus : les solutions de valorisation
Défauts de fabrication, d'étiquetage, queues de promotion, lancements ratés, lots renvoyés ou rappelés, dates limites proches, dégagements de stocks… Autant de raisons de devoir se débarrasser de produits.
Magasins d'usine ou de déstockagePremière solution : le magasin d'usine. La Biscuiterie de l'Abbaye n'y voit que des avantages : solution anti-gaspillage, rapprochement des amoureux de la marque et développement de la notoriété. De surcroît, cet établissement situé à Lonlay-l'Abbaye, dans l'Orne, village de l'usine, engendre « un chiffre d'affaires non négligeable », mentionne Catherine Guillemot, responsable du développement durable. On y trouve des caisses de biscuits indiquant leurs défauts : moins de quatre mois de qualité optimale, biscuits fêlés ou trop gros. Des barquettes sont écoulées sans étuis, sous une étiquette reprenant les mentions légales.
Les « ventes en lots » qui ont lieu le 1er samedi du mois (sauf en août et en janvier) voient affluer les amateurs, qui arrivent tôt et forment une file d'attente, selon la responsable. « Les consommateurs de ces samedis ne sont pas les mêmes que ceux venant en semaine. Ils viennent faire des affaires », témoigne-t-elle.
La politique commerciale est différente dans ses boutiques éloignées de l'usine. Les magasins d'usine sont en effet des concepts très différents des boutiques. Les deux boutiques de la Biscuiterie de l'Abbaye, celle des laiteries Triballat à Rians (Cher), ou la boutique que Traiteur de Paris a ouverte à Rennes en octobre dernier sont avant tout des vitrines.
Deuxième solution : vendre aux magasins de déstockage. Viben est un spécialiste des produits frais qui possède quatre super-
“ Nous demandons aux fournisseurs ce qu'ils ont à nous proposer
” marchés Dali-Market de 400 m2 dans le sud de Rhône-Alpes et le Vaucluse, et qui va en ouvrir deux autres, dans la Drôme et le Gard. « Tous les lundis, nous demandons à 180 fournisseurs ce qu'ils ont à nous proposer », décrit Jacques Vituret, fondateur de l'entreprise. L'ensemble des produits est à DLC ou DDM plus courte qu'en grande distribution. « Nous évitons de trop faire parler de nous, pour ne pas porter préjudice aux marques. Nous entretenons la discrétion. Notre activité, c'est un gros travail et du sérieux », explique-t-il. Le distributeur a sa flotte de véhicules qui livrent aussi des confrères. Ces magasins, en concurrence avec E.Leclerc et Carrefour, ne jouent pas que sur les prix. Ils ont leur particularité : la chambre froide est ouverte au public. Le distributeur se fournit en Belgique pour les chips, en Espagne pour les huiles et vins, en Italie pour les tomates en conserve… Jacques Vituret vient de recevoir un semiremorque de fruits et légumes de Barcelone « de très bonne qualité ». Viben complète ses approvisionnements sur les marchés de gros de Lyon et de Perpignan.
Association caritative et recyclageTroisième solution : les associations caritatives. La Fédération française des banques alimentaires voit une « belle marge de progression chez les industriels de l'agroalimentaire ». « Nous sommes preneurs de DLC courtes, mais aussi de produits mal étiquetés, ou un peu ratés, assure Dominique Lambert, administrateur de la fédération nationale. S'il manque du sel, si un ingrédient n'est pas indiqué ou si l'étiquette est en anglais, nos épiceries solidaires avertissent les clients. » Seule limitation : les produits interdits réglementairement pour des raisons sanitaires. « Les industriels ne savent pas forcément, ou n'ont pas encore intégré, que notre organisation passe énormément de tonnages : plus de 100 000 t annuelles. » Dominique Lambert décrit le réseau comme une toile très dense que sillonnent en permanence des petits camions, ramassant et distribuant les produits. Ces camions peuvent transporter à - 18 °C et s'équipent en mode bitempérature. Avec 95 % de bénévoles, les coûts de fonctionnement sont minimes. Pour les gros chargements, Dominique Lambert demande aux industriels de
“ Caritatif : intégrer le coût de transport dans le don
” livrer eux-mêmes les entrepôts, et pour bénéficier de la déduction fiscale de 60 %, « d'intégrer le coût de transport dans le don ». S'agissant des marques de distributeurs, la fédération s'engage à informer les distributeurs des quantités Dernière solution : les spécialistes du recyclage. Le groupe Bionerval valorise les produits par la méthanisation uniquement. La récente revalorisation du tarif de reprise de l'électricité l'encourage à poursuivre son développement. Le Français Adonial et le Belge Recupal West travaillent aussi le débouché de l'alimentation animale. Ce dernier y destine plus particulièrement les graisses, les desserts gras et yaourts d'usines certifiées IFS ou GMP. Recupal s'approvisionne jusqu'à Bordeaux ou Lyon grâce aux camions de livraison remontant vers la Belgique. S. Carriat