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Rachat d'Omira - Une première en Allemagne pour Lactalis

Lactalis prend pour la première fois industriellement pied en Allemagne. Le groupe français acquiert une coopérative Omira exsangue dont les fabrications sont orientées vers les produits industriels, frais et délactosés.

Omira était au pied du mur. La coopérative presque nonagénaire du Sud de l’Allemagne avait passé une année 2012 très difficile, se soldant par une perte de 15 millions d’euros. Elle n’avait jamais vraiment récupéré depuis, se contentant d’un taux de rentabilité s’établissant entre 0,7 et 0,1%, sur fond de baisse progressive des volumes transformés de 1 115 milliards de litres en 2012 à 822 milliards de litres en 2016 et d’un effondrement de son chiffre d’affaires de 627 millions d’euros à 420 millions d’euros sur la même période. La situation s’est tendue à l’extrême durant l’été 2016. En cause, le poids des commodités industrielles dans le mix produit. Pour un tiers de produits frais, l’entreprise fabrique deux tiers de poudres de lait, soit près de 60 000 tonnes en 2014. « Les stocks de poudre mis à l’intervention ont pesé sur les cours et les résultats de la coopérative », explique le communiqué d’Omira, qui annonce l’accord de partenariat trouvé avec Lactalis. En d’autres termes, la valorisation n’a pas suivi pour pouvoir accrocher le prix moyen payé par les autres acteurs de la filière dans le Sud du pays. En 2016, les 2 419 producteurs d’Omira ont touché en moyenne 277 euros pour 1 000 litres, soit 298 euros en montagne et 255 euros en plaine. Ce niveau de prix reste 12 euros sous la moyenne des 289 euros réglés en Bavière sur l’année. L’écart monte jusqu’à 34 euros pour le lait ramassé en plaine. Ce contexte avait déjà motivé le départ de producteurs chez Schwarzwaldmilch, à Fribourg, et d’autres menaçaient de les imiter.

97,8 % DE VOTES FAVORABLES À LACTALIS

Lactalis était, semble-t-il, le seul candidat à la reprise à vouloir conserver et développer les deux sites d’Omira à Ravensburg (beurre, matières grasses butyriques et poudre) au nord du lac de Constance, et à Neuburg (yaourt et fromages frais) au nord de Münich. Le 22 juin, 75 % des votes des délégués à l’assemblée générale étaient nécessaires pour que le schéma de reprise proposé par Lactalis s’impose. Il a recueilli une majorité de 97,8 %. Le montage s’inspire de ceux qui ont déjà permis la reprise d’autres sociétés par le passé. Omira va demeurer comme coopérative de collecte après avoir transféré ses actifs et ses dettes dans une nouvelle société, Omira Industrie GmbH, qui occupe l’essentiel des 650 salariés actuels de l’entreprise. Lactalis devrait en prendre le contrôle le 1er septembre à condition que l’office des cartels, qui va étudier le dossier, donne son feu vert courant août.

La presse allemande chiffre le coût de la reprise à 27 millions d’euros pour Lactalis. L’industriel français s’engage à rembourser le capital social, qui atteint 23 millions d’euros, à ceux qui le demanderaient. Il garantit surtout aux producteurs de payer, jusqu’en 2027, 800 milliards de litres par an à un prix au moins égal à la moyenne des prix réglés en Bavière, l’éventuel surplus étant payé sur la base du prix moyen allemand de l’année, en général 20 euros pour 1 000 litres moins élevé que le prix d’Allemagne du Sud. En cumul avec les primes de volume de 0,55 à 1,5 cent par kilo, de lait de montagne de 0,92 cent par kilo et de lait non OGM, le prix final promis s’annonce donc supérieur à cette moyenne. Dans la zone de collecte d’Omira, Lactalis peut compter sur une bonne structure de production organisée autour de six coopératives et de 78 groupements de producteurs de taille très variable, toutefois sans bio puisque Omira a abandonné ce créneau en 2010. La laiterie dispose de certificats pour produire kasher et halal. Ces dernières années, elle a surtout fait porter ses efforts sur la mise au point d’une gamme complète de produits délactosés à moins de 0,1 gramme de lactose pour 100 grammes. Avec sa marque MinusL, Omira revendique une place de leader sur le marché allemand.

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