Rachat de William Saurin par Cofigeo : l’affaire suspendue
Bruno Le Maire a fait jouer son pouvoir d’évocation pour réexaminer l’opération de rachat de William Saurin par Cofigeo, fortement conditionné par l’Autorité de la concurrence.
Bruno Le Maire a fait jouer son pouvoir d’évocation pour réexaminer l’opération de rachat de William Saurin par Cofigeo, fortement conditionné par l’Autorité de la concurrence.

« Cette affaire est inhabituelle par certains aspects », avait prévenu Isabelle de Silva, présidente de l’Autorité de la concurrence, en présentant le 14 juin son injonction à Cofigeo de céder sa marque Zapetti et une usine pour être autorisé à reprendre les plats cuisinés du groupe Agripole, après le démantèlement du groupe Financière Turenne Lafayette.
Injonction rare pour l’Autorité, Cofigeo ayant jusqu’au dernier moment refusé d’accéder à ses demandes, suivie d’une première décision du ministre de l’Économie de faire jouer son pouvoir d’évocation lui permettant de réexaminer l’opération sous l’angle du maintien de l’emploi et du développement industriel. « Aujourd’hui, notre objectif est de sauvegarder les emplois et l’intégrité de notre groupe au service d’un projet industriel français en unifiant les forces de William Saurin et de Raynal et Roquelaure », a commenté Mathieu Thomazeau, président du groupe Cofigeo, se réjouissant que le ministre « ait tenu compte des réalités de la gestion d’un groupe industriel qui s’est lancé depuis 12 mois dans le défi de redresser et de dynamiser les activités reprises suite à la faillite du groupe Agripole ».
Un quasi-monopole sur les plats cuisinés italiens et exotiques
Quelle décision prendra Bruno Le Maire d’ici au 19 juillet après réexamen de la situation ? Selon l’Autorité de la concurrence, l’opération est « susceptible de créer un quasi-monopole sur les marchés de la fabrication des plats cuisinés italiens et exotiques en conserve en France dans la mesure où Cofigeo, n° 2 du marché sur ces types de plats, à travers sa marque Zapetti, rachète les actifs de son principal concurrent, n° 1 sur ces marchés, via Panzani et Garbit ». Le nouvel ensemble pèse en effet 80 % de parts de marché en valeur des plats cuisinés italiens et des plats cuisinés exotiques et un peu moins de 50 % des plats cuisinés français.
Un risque d’augmentation de prix
« Les plats cuisinés en conserve à des prix bas sont une composante de nos habitudes de consommation alimentaire, qui concerne tous les Français, et en particulier les ménages les plus modestes, a ajouté Isabelle de Silva, cette opération comportait un risque d’augmentation de prix avec la disparition de la concurrence actuelle sur les plats cuisinés avec des recettes italiennes ou exotiques. »