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Colloque HCCA
Quels moyens pour remédier au « coopérative bashing »

Afin de remédier à la mauvaise image actuelle des coopératives agricoles, leur gouvernance doit être revue, pour maintenir une proximité avec tous les opérateurs et se développer à l’étranger. Voilà ce qui a été dit au colloque organisé par le HCCA la semaine dernière.

Production d'haricots verts au sein de l'usine de Gélagri (Triskalia).
© DR

Lors du colloque du jeudi 25 octobre organisé par le Haut Conseil de la coopération agricole (HCCA), le député Jean-Baptiste Moreau, rapporteur du projet de loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire, a pointé du doigt l’urgence de « mettre fin au “coopérative bashing” actuel ». Avant cela, Jean-Baptiste Moreau a répondu aux critiques envers le gouvernement qui s’apprête à rédiger les ordonnances qui définiront la ligne politique des coopératives agricoles françaises. « La loi ne veut bien évidemment pas détruire le modèle agricole actuel, ça serait ridicule », a-t-il affirmé.

Ne pas laisser les administratifs prendre le pouvoir

Le député affirme vouloir voir « des coopératives plus fortes, et ne pas laisser en leur sein les administratifs prendre le pouvoir. Un exemple minoritaire ternit l’image de l’ensemble des coopératives agricoles. Il faut sanctionner durement ceux qui divergent ». Les ordonnances seront rédigées dans ce contexte et doivent aider les coopératives à améliorer l’organisation de leur gouvernance.

Une gouvernance proche de ses opérateurs

Lors de la table ronde consacrée aux statuts et à la gouvernance des coopératives agricoles, le président de Sodiaal, Damien Lacombe, a affirmé « ne jamais cesser de remettre en cause l’organisation de la coopérative tout en restant collé aux attentes des opérateurs. La gouvernance est une interrogation permanente ». Les coopératives doivent faire avec l’évolution des attentes des adhérents, et y répondre au plus vite. « Nous voulons être proches du terrain pour définir au mieux une feuille de route avec nos producteurs », a expliqué le président de la coopérative laitière.

Damien Lacombe a cependant ajouté que lier des activités européennes et cantonales n’est pas chose aisée pour un établissement de cette taille, et de s’interroger sur la rapidité des décisions prises pour coller aux attentes de ses adhérents. « Je ne sais pas si nous disposons dans notre gouvernance des outils nécessaires pour prendre des décisions le plus rapidement possible », s’est-il demandé.

Il faut les rassurer, surtout quand on leur conseille d’investir

Alain Vialaret, directeur général de Blue Whale, va dans le même sens. « On passe 80 % de notre temps sur le terrain, pour faire passer les messages aux agriculteurs, même les plus difficiles. Il faut les rassurer, surtout quand on leur conseille d’investir », a-t-il commenté. Lorsque les producteurs innovent, Alain Vialaret explique que Blue Whale garantit des prix sur les cinq premières années pour assurer une sécurité financière des arboriculteurs. « Quand un de nos opérateurs plante un pommier, on ne peut voir si ça a fonctionné ou pas que sept ans plus tard ! » a-t-il rappelé.

Même son de cloche au sein d’Arterris : « notre ambition est de montrer à nos agriculteurs que l’on peut investir pour se développer », indique son président, Régis Serre.

Destination : le marché international

« Les coopératives françaises présentent une activité internationale grandissante, tout en restant très attachées à leur territoire », a pour sa part souligné Christophe Pees, président d’Euralis et de Métiers du grain. Une ambition qui permet aux sociétés de rester attractives. « Je me vois refuser des jeunes motivés au conseil d’administration, car ça ne sert à rien d’être trop nombreux », témoigne toutefois Régis Serre.

Pour assurer le bon développement des coopératives, les membres de la table ronde ont tous mis l’accent sur le besoin de formation du personnel. « Le monde des affaires est de plus en plus complexe. Les choix sont difficiles, car une solution ne présente jamais 100 % d’avantages ou 100 % d’inconvénients. La formation des administrateurs et des coopérateurs est aussi importante que leur ouverture d’esprit vers l’étranger », explique Alain Vialaret.

Afin de répondre au besoin de mains-d’œuvre qualifiées, Sodiaal a mis en place une école de formation « pour ceux qui auront les responsabilités de demain », selon Damien Lacombe. « C’est une absolue nécessité que la coopérative fonctionne bien si on veut se développer. La production laitière a un beau potentiel de développement international, mais doit faire face à des problèmes d’instabilité politique au niveau mondial », poursuit-il.

Maintenir une dynamique d’innovation

Souhaitant rester attractives, les coopératives agricoles doivent avoir « une gouvernance dynamique », selon Régis Serre, et « maintenir une dynamique d’innovation pour les producteurs », complète Alain Vialaret. Un dynamisme maintenu par « l’alliance de la politique de la coopérative avec les attentes des adhérents, qui diffèrent selon les régions et les territoires », précise Damien Lacombe. « Nous devons également faire le lien entre les attentes consommateurs et l’évolution du monde agricole, car les coopératives sont au milieu de la chaîne », annonce-t-il.

Les coopératives françaises ont réalisé 86 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2016, soit près du quart de celui de l’Europe, qui s’établit à 350 milliards d’euros.

Vers un modèle de coopérative européenne

Le statut juridique des coopératives agricoles doit dépasser le cadre national pour répondre aux attentes des opérateurs qui veulent s’approvisionner sur une zone plus large. « Il faudrait permettre aux coopératives nationales d’accueillir en toute légalité des adhérents d’autres pays », précise Samuel Crevel, président de la section juridique du HCCA lors du colloque du 25 octobre. La société coopérative européenne (SCE), créée en 2003, n’a pas connu le succès attendu, étant qualifiée de « mauvais compromis entre les modèles coopératifs du Nord et du Sud » par le HCCA. « Il faut améliorer le texte de 2003 pour voir une coopération européenne un jour. La SCE 2.0 pourrait s’inspirer du modèle français, concernant l’agrément d’une coopérative par une autorité publique », suggère Samuel Crevel.

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