Pourquoi la myrtille de France progresse moins vite que la demande
La production française de myrtille progresse moins vite que la consommation de myrtille en barquette, en confiture ou en tarte. Pour différentes raisons.
L’Association des producteurs de myrtilles de France (APMF, anciennement SPMF) constate une forte hausse de la demande en myrtille cultivée en France, de tous les circuits de distribution, comme de la part des industriels de l’agroalimentaire.
L'APMF reconnaît plusieurs freins à l’extension du verger :
- Le besoin en main d’œuvre, notamment à la récolte, est la principale contrainte qui fait hésiter les candidats à la plantation ;
- Le besoin en main d’œuvre est réduit par la récolte mécanique, mais une récolteuse de myrtilles, déjà onéreuse, doit être associée à une trieuse optique. En effet, les baies des variétés actuelles ne mûrissent pas simultanément. Ce matériel est amortissable sur une dizaine d’hectares, pouvant être plantés collectivement.
- Le coût de la plantation s’élève à 35 000 euros par hectare, apprend-on auprès de la SCEA Les Jardins Bio du Médoc, spécialiste landais de la myrtille biologique.
- Le terrain adéquat offre une terre assez acide.
2 initiatives d’industriels :
- Andros a fait planter 4 ha de myrtille en Corrèze en contrat pluriannuel, il y a deux ans, en mode expérimental, et vise la plantation de 10 ha. Ce projet agricole est lié à la construction en cours d’une usine de transformation de petits fruits à Brive (Lot). Cette information donnée à la chambre départementale d’Agriculture est confirmée auprès d’Andros.
- Le sirotier Bigallet, dans l’Isère, s’approvisionne en myrtilles, en dehors des pays de l’est, auprès d’une coopérative bio locale.
Deux exemples de gros vergers de France :
- Le plus important verger français de myrtilles est celui de Dittmeyer Agricola, le Domaine des myrtilles, dans les Landes : plus de 600 tonnes produites sur plus de 165 ha. Il exporte en partie au Royaume-Uni et des pays du nord de l’Europe.
- Les Jardins Bio du Médoc, entreprise de Bio Conquête depuis 2018 et adhérent de l’APMF, développe une trentaine d’hectares de myrtilles bio dans les Landes, et prévoit de doubler cette surface dans les cinq ans. L’entreprise arbitre entre les différents circuits de distribution, et souhaite conserver ses clients industriels. Elle ne commercialise qu’en France. Elle a acquis en 2020 une nouvelle machine plus efficace.
D'où viennent les myrtilles consommées en France ?
En saison, les myrtilles importées viennent du Maroc, de la péninsule ibérique, ou encore d’Allemagne et de Pologne. Le verger marocain de myrtilliers, ayant accès à l’irrigation et pouvant produire pendant 10 mois, grossit de 300 à 500 hectares par an selon l’Association marocaine des producteurs de petits fruits rouges (AMPFR).
Quelques chiffres, transmis par le CTIFL
Production française de myrtilles : 450 ha en 2020 et environ 2 000 tonnes (Source IBO).
Importations françaises de myrtilles fraîches : 13 200 tonnes en 2021, nouveau record atteint (contre moins de 5000 tonnes avant 2015 par exemple ; source Douane française). On peut y ajouter 6 800 tonnes de myrtilles congelées importées en 2021, plutôt pour l’industrie.