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Maïs
Pop-corn : Nataïs en marche pour la Chine

Le premier producteur de maïs à pop-corn européen compte déployer ses exportations vers l’empire du Milieu pour investir le marché haut de gamme. Rencontre avec son président-directeur général, Michael Ehmann.

« Il faut être patient. » Le président-directeur général de Nataïs sait de quoi il parle. Voilà deux ans que Michael Ehmann travaille au développement de ses exportations vers la Chine. Premier producteur européen de pop-corns, déjà présent dans une quarantaine de pays à travers le monde, cette PME de 130 salariés produit du maïs à éclater en vrac ou micro-ondable et conditionné. Située à Bézéril, dans le Gers, l’entreprise espère réussir « dans les dix-huit prochains mois » à augmenter ses volumes en direction de l’Asie.

Son patron était au côté d’Emmanuel Macron, en début d’année, lors du voyage officiel du président de la République en Chine. « C’est Business France qui m’a contacté pour me proposer d’être parmi leur délégation », raconte le dirigeant. Concrètement, Nataïs, qui réalise déjà à l’export 90 % de ses 46 millions d’euros de chiffre d’affaires, se heurte à des barrières douanières. « Rien n’était jusqu’alors établi pour le maïs à pop-corn », détaille Michael Ehmann. « Pour l’instant, nous sommes bloqués, nous ne pouvons rien exporter massivement dans ce pays, juste quelques volumes de pop-corns micro-ondables, en fonction des ports. Un dossier est en cours à FranceAgriMer, et l’administration française fait le maximum pour que les choses avancent », juge l’agriculteur-entrepreneur. « Confiant », il a notamment pu sur place dialoguer avec les autorités chinoises. Dans ce pays à fort potentiel, Nataïs vise les segments haut de gamme des magasins d’importation.

Jouer la carte de l’origine France

Cette conquête de l’Asie s’inscrit dans une stratégie de grand export engagée en 2013 par la société. Avec l’Afrique du Nord et la Russie, Nataïs ne réalise pour l’instant sur ces zones géographiques qu’environ 5 % de ses ventes. « Nous sommes très optimistes pour l’avenir de ces marchés, qui à long terme tireront notre activité », avance le PDG. L’entreprise compte y développer sa marque de pop-corns micro-ondables Magic Pop et jouer à fond sur l’étiquette « origine France ». « Sur le grand export, c’est vraiment un atout, assure Michael Ehmann, tous les importateurs nous ont conseillé de renforcer l’identité française sur le packaging… En Asie, il n’y a aucune incohérence à vendre du pop-corn made in France. »

Le patron entend tout naturellement « faire de plus en plus de qualitatif, ne pas raisonner qu’en volume et ainsi redonner du sens et de l’identité à la production ».

Des défis techniques

Une démarche qui passe logiquement par la question de l’agroécologie, sur laquelle Nataïs compte s’appuyer. « Progressivement, on veut apporter des garanties à nos clients sur une production respectueuse de l’environnement et sans résidus de pesticides », confie Michael Ehmann, qui assure que la totalité de son maïs à pop-corn est « sans OGM ». Plan de réduction de la consommation d’eau d’irrigation, limitation de l’érosion des sols et agriculture bio, le dirigeant multiplie les initiatives. Une petite partie de la production (1 000 tonnes) est désormais certifiée AB, le segment bio étant aujourd’hui forcément pertinent à développer, mais « relève d’un vrai défi technique au niveau de la production agricole », note-t-il.

Côté R & D, Nataïs participe également au projet Substipalm, mené avec le biscuitier Poult et le CNRS, qui tente de mettre en place un substitut à l’huile de palme. Une transposition industrielle du concept est envisagée pour 2019. « Le consommateur européen prend de plus en plus en compte l’origine locale du produit, mais aussi les caractéristiques écoresponsables du mode de production », rappelle le dirigeant, qui mise également sur la croissance organique de Nataïs et « de belles progressions » en Europe.

Objectif : +5 à 10 % par exercice sur cinq ans

Au total, Michael Ehmann vise une croissance de 5 à 10 % de ses recettes par exercice sur les cinq prochaines années, et table sur un chiffre d’affaires de 49 millions d’euros pour 2018. Une activité qui s’équilibre entre les ventes de maïs en vrac et celles de pop-corns micro-ondables. Si ce type de produit ne représente qu’un tiers des tonnages écoulés, il génère ainsi plus de la moitié du chiffre d’affaires de Nataïs. L’entreprise a développé pour cela un partenariat avec l’un des leaders français des produits apéritifs, le Tarnais Menguy’s, et fourni en France comme à l’étranger des MDD.

Après avoir lourdement investi dans l’outil de conditionnement en 2015, la PME gersoise produit 160 millions de sachets par an.

3 millions d’euros consacrés à l’augmentation des capacités de stockage

Trois millions d’euros sont aujourd’hui consacrés à l’augmentation de ses capacités de stockage de vrac, sur son unique site de Bézéril. Ancré dans le Sud-Ouest, Nataïs réceptionne, stocke et conditionne chaque année 42 000 tonnes de maïs à pop-corn récoltées auprès de 200 agriculteurs-partenaires régionaux qui cultivent 7 200 hectares. « Nous avons une équipe très stable, et de nouveaux producteurs nous rejoignent progressivement », assure le patron de la PME. Une production complémentaire a certes été développée en Afrique du Sud puis au Portugal, mais « uniquement pour sécuriser nos approvisionnements, cela reste très marginal », insiste-t-il.

« Un marché mondial proche de l’équilibre »

Dans le cadre de sa stratégie de grand export, Nataïs pourrait à terme poser un pied au Canada. « Aux États-Unis ou au Brésil, qui sont les deux plus grands consommateurs de pop-corns, cela n’aurait aucun sens, car ce sont déjà de grands producteurs, explique Michael Ehmann, nous visons les pays qui ne peuvent pas produire chez eux, pour être ainsi sur un pied d’égalité avec les autres grands producteurs. » Avec une production de 1,005 milliard de tonnes pour une consommation de 1,020 milliard de tonnes, selon les estimations de Nataïs, le marché mondial serait plutôt équilibré.

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