Pommes : « la Pologne ne joue pas avec les mêmes règles »
LMH : Pourquoi vous plaignez-vous aujourd’hui de la concurrence des pommes polonaises ?
Josselin Saint-Raymond : La Pologne est très agressive sur tous les marchés pour écouler les 5 millions de tonnes qu’elle a en trop. La France n’avait pas encore subi des effets négatifs du fort développement de la production de pommes en Pologne. Cette année, c’est le cas. En dix ans, le pays a doublé sa production, grâce notamment aux subventions européennes. Le marché européen est cette année structurellement en surproduction, avec un excédent probable de 1 million de tonnes, du fait d’une bonne récolte 2018 et des débouchés à l’export qui se sont limités notamment en Russie et en Algérie.
LMH : Pensez-vous que cette situation va durer ?
J. S.-R. : Oui, c’est une situation structurelle. Les vergers polonais continuent de se développer. D’autres pays continuent de planter en Europe comme la Roumanie. En cumul d’août 2018 à février 2019 (en comparaison avec la même période 2017-2018, Ndlr), les importations de pommes polonaises ont été multipliées par dix. Nous pensons que ces pommes sont utilisées pour la transformation mais servent aussi les collectivités. La règle européenne du moins-disant prévaut dans les appels d’offre, ce qui peut favoriser les importations. Nous acceptons la concurrence mais la Pologne ne joue pas avec les mêmes règles.