POINT DE VUE

Jean-Yves Madec, coordinateur du pôle antibiorésistance de l'Anses.
Les Marchés Hebdo : Où se situe l'élevage français en matière de résistance aux antibiotiques utiles en médecine humaine ?
Jean-Yves Madec : Dans le cadre européen, où se concentre la lutte contre l'antibiorésistance, la France fait partie des pays qui ont pris de réelles dispositions, aux côtés du Danemark et des Pays-Bas. En 2010, elle cumulait avec les Pays-Bas le plus gros volume vendu d'antibiotiques. La filière porcine s'est vraiment mobilisée. Elle a respecté le moratoire de 2011 sur les céphalosporines de dernières générations. On y constate une diminution des bactéries résistantes aux antibiotiques d'importance critique.
LMH : Dans quelles mesures pourront se développer les filières porcs et volailles sans antibiotiques ?
J.-Y. M. : Ce concept émerge sous l'effet du levier des consommateurs et du marketing. Il mériterait d'être mieux défini : qu'est-ce exactement qu'un élevage sans antibiotiques ? Enfin, on peut tout à fait consommer le produit d'un animal ayant été traité. On est légitimes à soigner un animal malade ; il ne faudrait pas basculer dans un idéal sans antibiotiques. D'ailleurs, la solution à l'antibiorésistance n'est pas là. Elle est dans une meilleure alimentation, de l'eau sécurisée, une marche en avant dans les élevages, la vaccination… La lutte contre l'antibiorésistance est un tout.
« Il ne faudrait pas basculer dans un idéal sans antibiotiques »