Prolongement des prêts garantis par l’Etat : les défaillances d'entreprises vont-elles augmenter ?
Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, a annoncé trois ans de délai supplémentaire pour les entreprises ayant contracté des prêts garantis par l’Etat (PGE) et ce alors que les procédures judiciaires pour des défaillances d'entreprises se sont accumulées en 2023.
Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, a annoncé trois ans de délai supplémentaire pour les entreprises ayant contracté des prêts garantis par l’Etat (PGE) et ce alors que les procédures judiciaires pour des défaillances d'entreprises se sont accumulées en 2023.
Les prêts garantis par l’Etat (PGE), accordés aux entreprises pour les aider à faire face à la pandémie de Covid-19 devaient, en théorie, être tous remboursés au 31 décembre 2023. Le 7 janvier 2024, à la télévision, Bruno Le Maire a annoncé la possibilité de rééchelonnement et d’étalement des PGE à rembourser auprès des banques, jusqu’au 31 décembre 2026. Trois ans de plus pour sauver l’économie française d'une crise ?
Remboursements des PGE, la fin des perfusions
C’est que le réveil est brutal pour bon nombre d’entreprises qui avaient été placées sous perfusion. Deux jours avant l’intervention du ministre, la Banque de France avait donné ses chiffres concernant les défaillances d’entreprises : en 2023, près 55 500 d’entre elles ont ouvert une procédure judiciaire, redressement ou liquidation, soit 34% de plus qu’en 2022.
Retour deux ans en arrière : début 2022, à Compiègne dans l’Oise, le tribunal de commerce observait, lors de sa rentrée solennelle une année 2021 incroyable, avec une baisse des procédures judiciaires et un nombre record de créations d’entreprises. Évidemment, en pleine période Covid-19, l’accent avait été davantage mis sur la prévention, le dialogue, et une ordonnance gouvernementale prise en mai 2020, autorisait les chefs d’entreprise à racheter leurs propres sociétés affaiblies par les conséquences de la pandémie. Une pratique que le Sénat avait tenté d'annuler.
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PGE, des prêts et non de l'argent gratuit
Mais à Compiègne comme dans d’autres tribunaux de commerce, on avait prévenu dès 2020 que le PGE n’était pas de l’argent gratuit mais un prêt à rembourser et que des entreprises déjà en difficulté n’avaient pas intérêt à en contracter. De même, les magistrats estimaient que les défaillances d’entreprises allaient bondir une fois le « quoi qu’il en coûte » présidentiel terminé. Trois ans plus tard, les prévisions des tribunaux de commerce se confirment et pour la Banque de France, 2024 devrait coûter encore plus cher socialement.
«J'ai toujours dit que le PGE était là pour soutenir les entreprises pas pour être un boulet»
PGE: des taux d'intérêt qui vont augmenter sur la période 2024-2026
« J’ai toujours dit que le PGE était là pour soutenir les entreprises pas pour être un boulet », a rappelé le ministre de l’Economie et des Finances. Dans un communiqué diffusé sur son site le 7 janvier, Bercy essaie d’être rassurant : 50 milliards d’euros de crédits ont déjà été remboursés sur les 107 milliards consentis aux TPE/PME depuis 2020. De même, 560 entreprises ont été accompagnées en 2022 et 2023 en leur permettant d’échelonner leurs dettes sur 2 à 4 ans supplémentaires avec maintien de la garantie de l’Etat. Cependant, les taux d’intérêt des banques pour la période 2024-2026 seront compris entre 2 et 2,5% (contre 1 à 1,5% entre 2022 et 2023).
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PGE : la situation économique des entreprises s’est aggravée
En donnant trois ans de plus aux entreprises qui n’arrivent pas à faire face aux PGE, Bruno Le Maire a mis en lumière la fragilité de l’économie française. En janvier 2023, la Fédération française des banques (FBF), estimait pourtant que seuls 4% des PGE connaissaient des difficultés de remboursement. Or, un an plus tard, la CPME, syndicat des TPE-PME, estime elle que 28% des chefs d’entreprise ayant contracté un PGE ont des difficultés à rembourser et que 3% n’y arrivent plus et envisagent, à terme, de se mettre en liquidation judiciaire.