Peut-on innover en France ?
Tablettes, smartphones et ordinateurs trônent de plus en plus dans les cuisines, le net regorgeant de sites et blogs culinaires, tels marmiton.org, qui ont relégué certains livres de recettes à la cave. Fourchettes connectées, balances intelligentes et autres coachs de nutrition électroniques viendront-ils bientôt renforcer l'équipement high-tech des Français ? Peu de chances si l'on en croit une étude Ispos menée pour Vitagora et rendue publique la semaine dernière lors du congrès du pôle de compétitivité. Alors que 23 % des Américains ont déjà utilisé des applications pour suivre leur alimentation et sont près de 46 % à affirmer vouloir le faire dans le futur, ce chiffre tombe à 36 % pour les Allemands, 32 % pour les Japonais et 21 % pour les Français. Menée dans cinq pays témoins (France, Allemagne, Japon, États-Unis et Russie), via l'interview d'experts du secteur et d'un sondage d'un échantillon de 1 000 personnes dans chacun des cinq marchés, l'étude confirme ce que les industriels agroalimentaires français savent déjà. Pas facile d'innover dans l'Hexagone. Les Français sont exigeants en matière alimentaire, privilégiant leurs traditions (trois repas par jour, importance du naturel, réticence aux produits enrichis ou fonctionnels…), et résistent aux modes observées dans d'autres pays comme le « cru », en vogue en Allemagne, les menus personnalisés ou la cosmeto-food dont les Japonais sont adeptes. Est-il la peine de rappeler les échecs d'Essensis ou Nesfluid ? Tous les regards se portent aujourd'hui sur les dernières innovations phare du secteur, les yaourts concentrés Yopa! et Danio. Arriveront-ils à se faire une place dans les frigos des Français ? Le pari s'avère risqué, mais si leur goût plaît, ces nouveaux produits peuvent très bien s'imposer, puis enregistrer de belles réussites à l'international. L'exemple de Pom'potes (qui réalise une croissance fulgurante aux États-Unis) pourrait en inspirer certains, d'autant plus que les tendances santé et plaisir combinées semblent plébiscitées, au moins dans les cinq pays sondés par l'enquête.