OGM : l’Allemagne prend la France de vitesse
En rendant public en début de semaine un accord politique sur la production et la commercialisation des OGM (LM d’hier), la majorité allemande (Verts et SPD) a pris de cours ses homologues, en particulier français. Il est vrai que ce consensus était inattendu, surtout venant de partis politiques et d’une ministre -Renate Kuenast- qui n’ont jamais caché leur réserve vis-à-vis des OGM.
Du coup ce texte, qui ouvre la voie aux cultures OGM dans ce pays en formulant précisément les conditions dans lesquelles elles pourront s’effectuer Le projet de loi, qui doit être adopté en février, transpose dans le droit allemand les directives européennes concernant la culture et la commercialisation d’organismes génétiquement modifiés. Elle précise également les conditions de la coexistence entre culture OGM et plants traditionnels, ainsi que les recours judiciaires en cas d’abus, a comme tétanisé une opinion agricole arc-boutée sur le refus de ses cultures malgré la levée du moratoire. Presque incrédule, Jean-Michel Lemétayer, s’est dit « surpris » mardi par la teneur de ce texte. Pour le président de la FNSEA, cette décision ne change pas la position de la centrale syndicale « de nécessaire prudence », ni à « sa priorité des priorités », « l’information du consommateur ».
Manifestement surpris également, Hervé Gaymard, qui présentait hier ses vœux à la presse, s’est contenté de « prendre acte » de cette décision et de s’en remettre à l’Europe. La France « privilégie l’approche communautaire » de préférence à une loi française, a commenté le ministre de l’Agriculture devant quelques journalistes, hier. Le principal sujet encore en suspens reste, selon lui, la question de la cohabitation entre les trois formes d’agriculture : conventionnelle, biologique et OGM, et la question de la « dissémination». Plutôt qu’une réglementation pays par pays, M. Gaymard préférerait un « règlement-cadre » européen sur cette question.
S’ils ne se sont pas prononcés officiellement, les principaux groupes semenciers français voient ce premier pas d’un bon œil. « On ressent qu’il y a une certaine pression dans ce sens depuis quelque temps », remarquait hier un de ses représentants. Des groupes de travail se réunissent actuellement pour établir également en France des règles de coexistence entre cultures OGM et non-OGM.