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« S’approvisionner est plus qu’un casse-tête » en sucre, oeufs et beurre pour les biscuitiers

Les fabricants de biscuits français souffrent de l’inflation et du manque de disponibilité des œufs, du sucre et du beurre. Les marges s’érodent, mais la profession s’accroche.

Le lait, le beurre et l’œuf étant au centre d’une majorité de leurs recettes, les fabricants de biscuits rencontrent de grandes difficultés pour s’approvisionner dans ce contexte d’inflation et de tension sur les matières premières. « En ce moment, s’approvisionner est plus qu’un casse-tête », résume Christian Astruc, président du syndicat des Biscuits, gâteaux et panifications de France. Avec l’approche des fêtes de fin d’année, les entreprises sont compressées entre une demande croissante, des manques de disponibilités et des marges malmenées. « 86 % des entreprises souffrent de problèmes d’approvisionnement », précise Christian Astruc.

L’offre d’œufs décimée par la grippe aviaire

Raréfiés par l’épidémie de grippe aviaire, les œufs ont vu leur prix être multiplié par deux sur un an. « Le manque d’œufs entraîne le blocage de l’ensemble des chaînes de production », indique Christian Astruc. « Nous travaillons avec L’Œuf du Breil à qui nous achetons de la coule d’œuf plein air. Nous n’avons pas d’autre choix que d’accepter les hausses de prix, ayant l’impossibilité de modifier nos recettes », ajoute Sébastien Pautrel, directeur général de Biscuiterie Mère Poulard.

Lire aussi : En beurre, des approvisionnements moins tendus en 2023 ?

Les entreprises gèrent ce manque de volume de plusieurs façons. Certaines décident de ne plus prendre de nouveaux clients, tandis que d’autres sont amenés à arrêter temporairement quelques lignes de fabrication. Quelques entreprises réorientent leur approvisionnement en dehors des frontières françaises pour éviter la mise en pause de la production, conduisant néanmoins à des modifications de l’emballage.

« On achète plus cher pour une origine non voulue », Christian Astruc, président d’Alliance 7

« On ne fait aucune économie dans ce cas, car non seulement nous n’avons pas l’origine voulue, mais en plus, nous achetons plus cher. Il est évident que si on peut avoir des œufs de poules plein air, on le fait. Ce sont les disponibilités des produits qui choisissent pour nous », regrette Christian Astruc. Les entreprises bénéficient de dérogations sur l’origine des œufs, qu’elles peuvent activer, mais la procédure est très complexe et prend du temps.

Si l’étiquetage est fabriqué en interne, la société peut modifier les origines en fonction des lots qu’elle a reçus, mais cette solution est aussi très chronophage. Ou bien de nouveaux emballages peuvent être conçus sans mention de l’origine de l’œuf que contient le produit. « Il n’y a pas un seul jour où la question d’approvisionnement en œufs ne vient pas sur la table. Nous en achetons tous les jours et espérons avoir la qualité et la quantité demandée », souligne Christian Astruc. Les tensions sur le marché de l’œuf ne vont malheureusement pas s’améliorer avant mi-2023.

Moins de betteraves plantées

Le prix du sucre a été, lui aussi, multiplié par deux sur un an. Devant les prix au plus haut de céréales telles que le blé, les agriculteurs délaissent quelque peu la betterave, entraînant une tension sur ce marché. « Nous espérons que plus de surfaces seront plantées pour la prochaine campagne », assure Christian Astruc. De nombreux fabricants de biscuits ont diminué la production de leurs produits les plus gourmands en sucre.

Peur pour le beurre

Sur les 16 derniers mois, le prix du beurre a doublé, car avec la sécheresse et la baisse de collecte du lait qui en a découlé, les volumes manquent ici aussi. « Le beurre a dépassé les 7 300 euros la tonne. Comme beaucoup d’entreprises, nous nous sommes couverts à 7 000 euros la tonne pour le premier trimestre 2023 », détaille Sébastien Pautrel. Les fournisseurs de beurre auraient tendance à baisser les prix pour le deuxième trimestre, faute d’acheteurs. « Si on n’est pas prêts à mettre le prix, on n’a pas de beurre », ajoute-t-il.

« Avec toutes ces ruptures, nous sommes dans l’incapacité d’honorer nos engagements d’approvisionnement français », commente Christian Astruc.

Des marges compressées

Toutes ces hausses des prix des matières premières ne sont répercutées qu’en petite partie vers les prix de vente des produits des entreprises. « Nous avons augmenté nos prix de vente en juillet et prévoyons une nouvelle hausse en janvier. Notre position est très tranchée, nous ne livrons pas les clients qui les refusent. Sans cela, ce serait le dépôt de bilan en 2023 », juge Sébastien Pautrel.

La Mère Poulard était prête à mettre à exécution ses paroles en juillet 2022 lorsqu’une enseigne de la grande distribution ne voulait pas accepter les hausses, mais celle-ci s’est ravisée. « Beaucoup d’entreprises sont dans le rouge aujourd’hui, mais nous avons la chance d’opérer sur un secteur dont les produits constituent une valeur refuge pour les consommateurs. Les ventes se portent bien, ce qui nous pousse à rester optimistes », conclut Christian Astruc.

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