Aller au contenu principal

Le point sur les contaminations à l’oxyde d’éthylène

La crise sanitaire de l’oxyde d’éthylène, survenue à l’automne 2020 dans l’Union européenne, s’estompe. Cependant, sa gestion par les autorités sanitaires soulève nombre de questions.

Si la contamination du sésame indien à l'oxyde d'éthylène était probablement frauduleuse, celle de multiples denrées importées est longue à comprendre.
Si la contamination du sésame indien à l'oxyde d'éthylène était probablement frauduleuse, celle de multiples denrées importées est longue à comprendre.
© TheUjulala sur Pixabay

Au nom de la réglementation européenne générale, si une matière première contient de l’ETO – c’est-à-dire la somme de l’oxyde d’éthylène et du 2-chloroéthanol, exprimé comme oxyde d’éthylène – au-dessus de la limite maximale de résidus (LMR), elle est non conforme. Quelle que soit sa quantité intégrée au produit fini, ce dernier est retiré de la vente et rappelé. Il en est de même si cette matière première est issue d’un lot se révélant non conforme.

En l’absence d’information sur la matière première, le produit fini est analysé. S’il dépasse la LMR, il est rappelé et retiré de la vente. Si c'est inférieur, il est juste retiré.

S’agissant du bio, l’UE impose de se référer à la limite de quantification, sans donner de valeur absolue. Or, cette limite technique varie selon le laboratoire et l’échantillon.

La France impose davantage à ses filières bio : on ne peut certifier une denrée dès le seuil de détection. Selon un responsable technique d’organisme certificateur, la détection d’ETO est variable, évidente dans une matrice concentrée ou huileuse. La contrainte française entraîne un risque pour l’industriel qui fait venir une matière première bio conforme d’un autre État membre.

L’approvisionnement bio en provenance d’Inde pénalisé

Depuis le début de 2022, les principaux organismes certificateurs (OC) d’Inde de produits biologiques sont retirés de la liste de l’Union européenne des OC pouvant certifier des végétaux non transformés. Ce sont cinq OC, dont Ecocert India. Selon le responsable réglementation du Synabio (réseau d’entreprises français de produits biologiques), Bernard Lignon, les utilisateurs européens de végétaux non transformés (de graines par exemple) bio venant d’Inde sont directement concernés ; les importateurs de produits transformés bio le sont aussi indirectement puisque les fabricants indiens ont besoin de matières premières certifiées. S’il reste une vingtaine d’OC indiens sur la liste, « on ne change pas d’organisme certificateur du jour au lendemain », souligne Bernard Lignon. Le responsable du Synabio reproche la brutalité et la disproportion de cette mesure : « Les OC ne sont pas responsables des fraudes à l’origine de la crise, estime-t-il. Tous les opérateurs biologiques indiens trinquent, et les importations européennes sont perturbées. On a pris un tank pour tuer une mouche. »

État des alertes

Depuis trois ou quatre mois, le sésame bio contaminé à l’ETO a disparu du portail du Réseau d’alertes rapides de l’UE ; c’est ce qu’apprécie Bernard Lignon. « On peut penser que le pic est largement derrière nous », considère-t-il. Son constat donne crédit à l’allégation du directeur technique du groupe Ecocert, Jérémie Vidal, selon qui les mesures de prévention et de contrôle mises en place par les OC font qu’« on n’importe plus de produits contaminés à l’ETO d’Inde ». Ce progrès est aussi attribuable au renforcement des contrôles officiels aux points d’entrée de l’UE.

Des causes frauduleuses ou autres

« La contamination du sésame indien à l’ETO était clairement d’origine frauduleuse », conclut Bernard Lignon, en considérant le nombre important d’alertes et les niveaux élevés de présence de contamination. Quant aux multiples produits contaminés à faible dose, l’incertitude est de mise, selon lui.

Pourquoi l’ETO ne peut disparaître

Éric Capodanno, directeur scientifique des laboratoires Phytocontrol, considère qu’« on ne peut être à l’abri de l’oxyde d’éthylène puisque des pays continuent de l’homologuer ». « Quand une denrée agricole présente plusieurs centaines de microgrammes par kilogramme, on sait qu’elle a été traitée », affirme-t-il. Le scientifique s’étonne plus particulièrement de la différence de limite résiduelle de part et d’autre de l’Atlantique : aux États-Unis 7 mg/kg pour le seul ETO ; dans l’UE 0,1 mg/kg pour l’ETO au sens propre et son composé de dégradation. « Parle-t-on du même résidu ? » interroge-t-il. Enfin, Éric Capodanno soulève la question de l’ETO engendré naturellement, sur lequel se penchent des chercheurs.

Lire aussi : « Oxyde d’éthylène : le risque est pour les industriels » et « L’oxyde d’éthylène en tête des alertes européennes »

Les plus lus

transport terrestre animaux
Transport des porcs : une nouvelle loi qui pourrait coûter 107 millions d’euros à la filière

Une possible évolution de la législation du transport ne garantira pas forcément le bien-être des porcs. C’est ce que relève l…

broutards charolais dans un pré
Prix des bovins : l’année 2024 finit sur un record historique

En cette fin d’année, les prix de plusieurs catégories de gros bovins battent des records historiques.

Charcuterie
« Si on veut du porc français, il faut créer des élevages en France »

Les charcutiers sont frappés de plein fouet par la baisse de production porcine en France. Elle entraîne une hausse des…

Nouveau record des prix du beurre : « Ça ne reflète pas le marché »

La cotation Atla du beurre cube a franchi un nouveau sommet historique sur la semaine 48, alors que la tendance de marché est…

représenant de l'UE et du mercosur
L’UE et le Mercosur signent l’accord, à quoi s’attendre pour l’agriculture ?

Après 25 ans de pourparlers, l’Union européenne et le Mercosur ont conclu un accord commercial, mais des voix s’élèvent déjà…

extrait de l'infographie sur les ventes d'alternatives végétales
Alternatives végétales à la viande et au lait : comment les ventes évoluent en 2024

Les ventes d’alternatives végétales à la viande, au lait, au fromage, à la crème et aux crèmes desserts ont plutôt résisté à l…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio