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Nestlé met la pression sur Perrier

La semaine dernière, à l’occasion d’une conférence de presse, Peter Brabeck, p-dg de Nestlé, avait émis l’hypothèse d’une cession de Perrier, propriété du groupe depuis 1992. Hier, lors de la présentation des résultats de Nestlé Waters, Frits Van Dijk, le président, a très clairement indiqué que ce projet faisait partie des pistes envisagées. « Quatre hypothèses s’offrent à nous, a-t-il expliqué. Nous pouvons continuer à investir sans garantie de résultats au risque de pénaliser nos autres activités, revoir l’organisation pour augmenter la productivité tout en évitant la casse sociale, décider d’un plan social ou bien encore céder Perrier ». Pour l’instant, la 2e solution est privilégiée via le départ d’environ 1 000 personnes, sur un total de 4 100, principalement en préretraite, qui selon la direction sera suivi de recrutements sur les autres sites. Mais pour combien de temps ? Car si M. Van Dijk dit attendre un « bon niveau de performance de l’entreprise dans les 2 ans», Richard Girardot, p-dg de Nestlé Waters France estime que « la rentabilité de Perrier doit s’améliorer dès maintenant». Car, le géant suisse se dit fatigué d’investir dans une activité qui selon lui dégage des bénéfices bien insuffisants. « La rentabilité n’est pas au niveau attendu, juge M. Van Dijk. Depuis, que nous avons retrouvé l’équilibre en 2002, nous restons au point mort». Inacceptable pour un groupe qui dit avoir investi plus de 200 M Eur dans Perrier sur les 3 dernières années. « Même l’été ne nous a pas permis de redresser nos résultats », déplore M. Van Dijk. La canicule aura en fait été, pour la direction, le révélateur des limites de Perrier sur le plan industriel. « Les ruptures de stocks, le coût des heures supplémentaires et les coûts logistiques additionnels » rencontrés lui ont fait prendre conscience de la nécessité d’une réorganisation. Et en premier lieu de l’urgence de réduire la masse salariale. « Nous fabriquons 850 millions de bouteilles par an ce qui représente 600 000 bouteilles par salarié alors que sur un site « normal », chaque salarié fabrique entre 1,8 et 2,2 millions de bouteilles par an, indique M. Van Djik. Pour avoir un bon niveau de productivité, il nous faudrait donc produire 3 milliards de bouteilles. C’est mission impossible !».

Pour redresser Perrier, Nestlé Waters, qui affiche un chiffre d’affaires de 5,2 Mds d’Eur sur 2003 (+4,5%) avec une marge d’exploitation de 9,7%, compte aussi sur l’innovation. Cette stratégie, même si elle ne se retrouve pas dans les bénéfices, lui a plutôt souri depuis 3 ans. 50 millions de bouteilles Perrier 50 cl en PET se vendent aujourd’hui dans 8 pays. Perrier fluo, lancée en 2002, représente 31,4 millions de cols et domine les eaux aromatisées en France avec une part de marché de 15,5%. Enfin, en un an, il s’est vendu 18 millions de bouteilles d’Eau de Perrier qui possède 2,6% de part de marché dans l’Hexagone.

Le PET inquiète

La prochaine nouveauté pourrait bien être la bouteille de Perrier 1 litre en PET. Des tests sont actuellement réalisés aux Etats-Unis et la direction estime prématuré d’annoncer un futur lancement.

« C’est un test commercial et un test sur la qualité du produit», prévient M. Girardot. Ce projet fait déjà grincer des dents du côté du site Perrier de Vergèze car les salariés craignent que le développement du PET, dont la fabrication nécessite moins de salariés, ne se traduise par de nouvelles suppressions d’emplois. Un point de vue auquel s’oppose M. Girardot : « Comme nous ne disposons que de 2 lignes pour le PET, il nous faudra investir dans d’autres lignes. Ce développement se traduira pas des embauches». Car le p-dg de la branche française de Nestlé ne croit pas à une cannibalisation du verre par le PET. « Notre objectif est de vendre à la fois du verre et du PET», promet-il tout en rappelant que Perrier ne cesse de vendre plus de bouteilles en verre.

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