Négociations commerciales : la Fnil s’inquiète de la « fin de non-recevoir » des distributeurs sur l'énergie
Dans un entretien accordé aux Marchés, François-Xavier Huard, pdg de la Fédération nationale de l'industrie laitière (Fnil), fait part des inquiétudes de ses adhérents quant au déroulement des négociations commerciales 2023. Il espère un sursaut de "responsabilité" de la part des distributeurs sur la prise en compte de la hausse des matières premières industrielles.
Dans un entretien accordé aux Marchés, François-Xavier Huard, pdg de la Fédération nationale de l'industrie laitière (Fnil), fait part des inquiétudes de ses adhérents quant au déroulement des négociations commerciales 2023. Il espère un sursaut de "responsabilité" de la part des distributeurs sur la prise en compte de la hausse des matières premières industrielles.
« Nous sommes inquiets de la teneur des échanges à date », explique François-Xavier Huard, président de la Fédération nationale de l’industrie laitière (Fnil). Alors que les négociations commerciales sont désormais bien entamées, les rapports de force sont toujours aussi complexes et la prise en compte de la hausse des coûts de production, principalement liée à l’énergie, est loin d’être acquise.
« On arrive à ces négociations dans un contexte déjà tendu. Au global sur 2022, nos adhérents n’ont obtenu que 40% de ce qu’ils avaient demandé », rappelle François-Xavier Huard, « nous réussissons péniblement à passer des hausses liées à la matière première agricole, je rappelle que le prix du lait a augmenté de 25% en un an, selon FranceAgriMer, cela à un coût dans notre production. En revanche, sur la matière première industrielle, dont le coût de l’énergie, on a une fin de non-recevoir ».
Des aides d'Etat aux critères trop restrictifs
On pourrait penser que les aides de l’Etat pourraient compenser ces factures énergétiques multipliées par trois, par quatre voire par cinq pour certaines entreprises, mais une majorité d’entreprises n’entre pas dans les critères d’aides de l’Etat. « Nous avons fait un sondage auprès de nos adhérents. 88% considèrent qu’ils n’entrent pas dans les critères et pour les 12% restants, une majorité d’entre eux, environ 75% peuvent prétendre à des aides qui couvrent moins de 20% de leur facture énergétique. Nos adhérents n’ont d’autres moyens que de répercuter ces coûts de leur tarif de vente à la grande distribution », insiste-t-il.
Des besoins de hausses de tarif de 10 à 15%
Les entreprises de la Fnil arrivent cette année avec des hausses de tarif de l’ordre de 10 à 15%. « L’accueil est compliqué. Le risque est que certaines entreprises soient en grandes difficultés », précise-t-il. Parmi les adhérents de la Fnil, il y a des entreprises laitières de tailles moyennes ou intermédiaires dont le business modèle est tourné essentiellement vers la grande distribution. C’est pour cette partie majoritairement que le président s’inquiète. « Il y a un sujet de pérennité d’un certain nombre d’entreprises laitières. Je suis très inquiet pour les taux de marges sur l’année 2023, entre les problèmes énergétiques, inflationnistes, d’approvisionnement et la hausse du prix du lait. Dans l’industrie laitière, les taux de marge ne sont pas exorbitants, pour les meilleurs entre 3 et 5%. Pour les grandes entreprises qui sont présentes à l’international sur des marchés comme le beurre et la poudre, elles trouvent des relais de croissance, mais c’est plus inquiétant pour les entreprises qui sont plus focalisées sur le marché intérieur », détaille-t-il.
« Il y a un sujet de pérennité d’un certain nombre d’entreprises laitières »
Il espère qu’ « un sentiment de responsabilité » va permettre de trouver un accord dans ces négociations commerciales 2023 très tendues « pour que les entreprises laitières puissent continuer à maintenir un prix du lait dynamique et à investir dans la transition agroécologique », conclut-il.