Monsieur Appert, les secrets de sa naissance

Les Marchés Hebdo : D'où vient l'idée de créer Monsieur Appert ?
Patrick Elziere : Le nom est un clin d'œil à l'inventeur de la conserve appertisée Nicolas Appert qui a mis au point le système de stérilisation. Ce monsieur a été un peu oublié, et ce sont plutôt les Anglo-saxons qui ont créé le mot d'appertisation. Nous avons souhaité, avec mon associé, créer une gamme de produits destinée au marché des épiceries fines qui redonne ses lettres de noblesse à la conserve. Cela fait deux ans que nous travaillons sur ce projet. La société Monsieur Appert a été créée en octobre 2015. Mon associé, Philippe Boissel, et moimême sommes les actionnaires principaux. Ne venant pas du monde de l'agroalimentaire, il a fallu que nous nous entourions de personnes compétentes.
LMH : Vous vous êtes appuyés sur le Centre culinaire contemporain de Rennes et sur IDMer à Lorient. Quel a été leur rôle dans la conception de votre gamme ?
P. E. : Nous avons rencontré les dirigeants du centre pour leur parler de notre projet. Ils nous ont fait le travail d'études, de positionnement. Par exemple, nous sommes partis sur une gamme exclusivement de fruits et légumes. Nous avons évité pour le moment d'intégrer des protéines, car cela était plus complexe à développer. Le Centre culinaire contemporain nous a accompagnés dans l'élaboration des recettes et dans la recherche des fournisseurs locaux. Les producteurs choisis sont © Franck Hamel situés dans un rayon de 250 km autour de Rennes, sur la base d'un cahier des charges strict basé sur une agriculture raisonnée. C'était notre souhait de départ de nous appuyer sur le territoire breton. Nous travaillons par exemple avec les frères Bocel, Jean-Paul et Vincent, pour notre approvisionnement en tomates, carottes et butternut (doubeurre en français). À partir de mai 2015, la première collection hiver a été mise au point. Et il a fallu passer à la phase de préindustrialisation. Et c'est là où IDMer a été très efficace dans des délais très courts. La première production a été réalisée dans leurs locaux à Lorient. Leurs compétences en R&D nous ont été bien utiles. Nous allons continuer à travailler avec eux pour améliorer certaines recettes, notamment pour le croquant des choux-fleurs.
LMH : Comment avez-vous financé ce projet ?
P. E. : Nous avons réalisé un investissement de 290 000 euros pour ce projet, totalement financé sur nos fonds propres. Comme nous n'avions pas de biens mobiliers comme immobiliers, ni les banques ni la Banque publique d'investissement n'ont voulu nous suivre. Pour Bpifrance, il aurait fallu que l'on ait trois ans d'existence et un chiffre d'affaires de 300 000 euros au minimum.
LMH : Comment comptez-vous commercialiser cette gamme ?
P. E. : Nous avons commencé à la distribuer depuis la mi-jan-vier dans certaines épiceries fines de la région parisienne et à Rennes, comme la maison Plis-son, Jeune Homme, Maison Macis, Terra Gourma, l'Épicerie Rive Gauche ou encore la boutique LeCoq-Gadby à Rennes. Notre gamme est également disponible sur notre site Internet. D'ici à la fin de l'année, on ambitionne d'être présent dans une trentaine d'épiceries fines en France. Et dès 2017, nous voudrions ouvrir notre propre boutique Monsieur Appert. La première devrait ouvrir à Paris au second semestre 2017, mais il faudra que l'on développe plus de produits pour cela.
LMH : Quel objectif de chiffre d'affaires vous êtes-vous fixé ?
P. E. : Pour la première année, nous sommes très raisonnables. En comparant avec des concepts équivalents, nous pensons pouvoir réaliser un chiffre d'affaires de 300 000 euros fin 2016. Dans les cinq prochaines années, on pense ouvrir six boutiques en France, et à terme entre quinze et vingt, détenues en propre. La marque a également été conçue pour se développer à l'international.