Production
L’œuf d’élevage alternatif avance à grands pas
La vente des œufs d’élevage alternatif est en pleine croissance et la transition vers ce type d’élevage se fait à grands pas, mais les aléas de l’offre semblent menacer l’équilibre du marché.
La vente des œufs d’élevage alternatif est en pleine croissance et la transition vers ce type d’élevage se fait à grands pas, mais les aléas de l’offre semblent menacer l’équilibre du marché.
Entre flexitarisme, végétarisme et montée de la prise en compte du bien-être animal, les nouvelles pratiques alimentaires semblent favoriser la croissance de la consommation d’œufs, en particulier celle des alternatifs. Selon le CNPO, interprofession française des œufs, 98 % des Français consommaient des œufs en 2018, soit une progression de 2 % par rapport à 2017.
La tendance se poursuit au premier semestre 2019, avec des ventes d’œufs en grandes distributions qui ont augmenté de 1,8 % par rapport à la même période en 2018. Cette progression est portée par la croissance des œufs d’élevage alternatif qui représentaient 56 % des œufs vendus en magasins contre 52 % en 2018. C’est en particulier les ventes d’œufs bios (code 0) et de ceux issus des poules élevées au sol (code 2) qui ont bondi. De janvier à juillet 2019, les achats des ménages en bio représentaient 19 % des œufs vendus contre 17 % en 2018. Ceux des œufs issus de poules élevées au sol représentaient 5 % contre 3 % en 2018. Vers l’industrie, cependant, cette dynamique est moins marquée.
En 2018, les œufs dits « alternatifs » représentaient 29 % de la production d’ovoproduits. Les industriels et collectivités favorisent les œufs « plein air » (14 %) et « sol » (13 %) au détriment du bio (2 %) qui est plus onéreux. Mais pour Maxime Chaumet, délégué général du CNPO, la restauration et les entreprises agroalimentaires anticipent de plus en plus la loi Alimentation visant à proposer 50 % de produits bios à partir de 2022 et à instaurer chaque semaine dès le premier novembre 2019, un menu végétarien, pouvant être composé de protéines animales (œufs et lait). De quoi faire progresser la consommation en RHD.
Des ruptures signalées
Face à cette croissance de la demande, la conversion des élevages vers le bio et le sol s’est renforcée. Selon Loïc Coulombel, vice-président du CNPO, la filière est même en avance sur son objectif d’atteindre 50 % de poules en élevages alternatifs d’ici à 2022. Au premier semestre 2019, le nombre de poules pondeuses bios mises en place a significativement augmenté (+27 % par rapport à la même période de 2018). La production d’œufs bios a dans le même temps progressé de 21 %. L’offre n’a pourtant n’a pas été à l’abri des aléas sanitaires ou climatiques.
Au deuxième trimestre, les lots sous ADPI salmonelles auraient contribué à diminuer l’approvisionnement, la législation étant dorénavant plus sévère, davantage de poules sont réformées pour ce problème. De même, les deux épisodes caniculaires au mois de juillet ont entraîné une baisse de la productivité des poules, mais aussi des poids moyens des œufs et une surmortalité estimée à environ un million de têtes. Les élevages alternatifs semblent avoir été les plus touchés. Des ruptures se sont fait ressentir auprès de plusieurs opérateurs en code 2, 1 et particulièrement en bio, d’où des prix à la hausse et peu de volumes à l’industrie.
S’ajoute à cela l’incendie de l’usine Lubrizol qui a entraîné la suspension de la collecte d’œufs bios, plein air et label Rouge dans plusieurs départements, ce qui pourrait impacter l’offre dans les semaines à venir, même si les volumes concernés sont limités.