L’été s’annonce ensoleillé

Le mois de mai, avec ses premiers beaux jours si favorables à la consommation de brochettes et autres produits de saison, a été placé sous le signe de la fluidité pour le poulet comme pour la dinde. Les échanges étaient réguliers, malgré un calendrier inégal et une météo mitigée en fin de mois, tous deux propices à un petit retour au calme avant la Pentecôte. Dans le même temps, les offres n’étaient pas excessives, voire se montraient à peine suffisantes pour couvrir l’ensemble des besoins, ce qui a permis aux cours de se raffermir. Selon les dernières données Agreste, nos abattages de poulets ont reculé de 3,1 % au premier trimestre 2009 par rapport à 2008. Une tendance qui semble vouloir s’être prolongée au deuxième trimestre. En dinde, la chute est bien plus marquée, de l’ordre de 10,3 % sur les trois premiers mois de l’année.
Le commerce devrait confirmer sa fluidité, voire pourrait se montrer plus dynamique ces prochaines semaines. La période estivale est souvent propice à la consommation de viandes à griller. La filière va toutefois devoir gérer une à deux semaines de flottement sur la fin juin, le temps que le commerce change de physionomie pour les vacances scolaires (fermeture des collectivités, déplacement des zones de consommation en prévision des premiers grands départs). Rien ne laisse envisager un ralentissement de la consommation par la suite. Au contraire, la volonté des ménages de maîtriser leur budget devrait les inciter à privilégier la volaille au détriment des autres viandes de boucherie. Plus précisément, le commerce du poulet pourrait être sous tension. Les mises en place de ces derniers mois sont jugées modérées, et laissent entrevoir une production mesurée et à peine suffisante à moyen terme, dès juillet selon certains opérateurs. En dinde, les échanges pourraient être réguliers, sans plus. Une baisse moins rapide de notre production semble vouloir se dessiner. Selon Agreste, les mises en place de dindes progresseraient de 1 % en cumul depuis début 2009. Des évolutions diverses sont annoncées selon le morceau considéré : si les ventes de cuisses de dinde sont attendues régulières ces prochains mois, plus de difficultés sont à prévoir pour le filet, suite à la fermeture des collectivités et à un ralentissement de l’activité des industries de transformation. Sans oublier qu’aucune nette amélioration n’est pour le moment envisageable à l’export.
Manque d’intérêt à l’export
Si le commerce de la dinde s’améliore depuis près d’un mois, le début de l’année est loin d’avoir été euphorique. Une raison majeure : la faiblesse de la demande, en priorité à l’export. Nos expéditions ont sérieusement reculé, surtout sur le début d’année (-15 % en janvier-février selon l’Institut technique de l’aviculture, Itavi). Le poulet a d’ailleurs suivi le même mouvement, mais de façon moins significative (-9 %). Plus généralement, nos envois de viande et préparations de volaille ont reculé de 11 %, dont une baisse de 15 % vers les pays tiers et de 4 % vers les états membres de l’Union. Selon le ministère de l’Agriculture, ce ralentissement s’explique avant tout par la crise économique mondiale, qui freine la demande suite au repli du pouvoir d’achat et à une parité euro/dollar défavorable, ou encore limite les échanges par frilosité bancaire et manque de garanties de paiement. Nul ne peut prévoir avec exactitude quand aura lieu la sortie de crise, et surtout, si elle sera synonyme d’accroissement du budget des ménages. Un contexte qui laisse envisager un second semestre toujours aussi peu dynamique chez les exportateurs, et pourrait une nouvelle fois se traduire par un alourdissement de notre marché intérieur.
Fluidité sur le marché intérieur
Cette nette accalmie de notre commerce extérieur explique le bilan mitigé des filières poulet, et surtout dinde. Notre marché intérieur, bien que satisfaisant, s’est révélé incapable d’absorber tous les volumes habituellement orientés vers les pays tiers ou les états membres de l’Union. En dinde, des stocks sur pieds ont été constitués, et sont toujours d’actualité. Il faut dire qu’en France, la dinde pâtit d’un petit désintérêt des consommateurs. Selon les relevés du panel TNS-Secodip, les achats des ménages en grande distribution ont fléchi de 0,9 % sur un an se terminant le 19 avril, par rapport à la même période un an plus tôt. Certes, comparée aux autres viandes de boucherie, elle continue à tirer son épingle du jeu. Elle profite d’ailleurs d’une hausse de ses ventes depuis janvier (+4,9 %), grâce au souhait des ménages de se tourner vers les sources de protéines les plus compétitives. Mais parmi ces dernières, la dinde ne semble pas l’espèce la mieux placée. La principale raison évoquée demeure son prix au détail, surtout par rapport au poulet. Selon TNS-Secodip, la dinde se vend autour de 7,32 €/kg depuis le début de l’année, contre 5,93 €/kg pour le poulet. Pour certains professionnels, cet écart inciterait les ménages à mettre en concurrence ces deux espèces, et cela d’autant plus qu’une amélioration des qualités gustatives se ressent depuis quelques années sur le poulet standard, qu’il soit prêt à cuire (P ac) ou en découpe. Ce ressenti semble être confirmé par la bonne tenue de la consommation française de poulet. Les achats des ménages sont restés stables (-0,3 %) en glissement annuel.