Fruits et légumes
Les Serres de Bessières passent à la vitesse supérieure
Le producteur occitan de tomates sous serres va atteindre son seuil économique en boostant sa production grâce à une extension de son site. Reportage.
Le projet est de taille. Au nord de Toulouse, les Serres de Bessières disposeront cet été de plus de 100 000 m2 couverts pour tripler leur production de tomates. Au milieu des champs, deux constructions vitrées, de 30 000 et 40 000 m2 chacune, sont en pleine construction de part et d’autre de l’actuelle serre de 32 000 m2, qui produit 1 800 tonnes de tomates par an. « Dix hectares, c’est un seuil économique. En 2019, à l’issue de notre premier exercice à plein régime, nous serons en effet rentables », indique Gilles Briffaut, le président-directeur général des Serres de Bessières. Avec une production annuelle de 5 800 tonnes et grâce aux ordures ménagères de l’agglomération toulousaine.
Objectif : 6M€ de CA
C’est en passant quotidiennement devant l’incinérateur de la commune que l’entrepreneur et exploitant agricole a eu l’idée, en 2011, d’utiliser l’énergie de ce centre de valorisation des déchets pour chauffer des serres. « Nous avons bâti le projet avec le syndicat mixte Decoset et Econotre qui gère l’incinérateur », dévoile le patron. « Decoset a acquis un foncier de 18 hectares, où nous avons, en 2015, donné le premier coup de pioche pour implanter notre serre. Econotre nous apporte la chaleur issue du centre de valorisation », se souvient-il.
Collées à cette installation, les Serres de Bessières disposent ainsi d’une eau à 42 °C. Maîtriser les conditions climatiques de ces serres, réglées minutieusement 24h/24 et tout au long de l’année, demande à ses équipes une très forte anticipation des besoins de chauffage. Le lieu dispose d’un entrepôt de 3 000 m2 et la chaîne du froid est intégrée au site, pour se rapprocher de la maturation optimum du fruit à livraison.
En pleine terre, nous pourrions prétendre au label AB
À l’intérieur, les tomates poussent hors-sol, dans de la laine de roche et « sans aucun pesticide ni produit phytosanitaire de synthèse », insiste Gilles Briffaut. « Contre les ravageurs, nous sommes en lutte biologique intégrale. Si nous cultivions en pleine terre, nous pourrions prétendre au label AB », assure-t-il. Une production actuellement composée de tomates grappe est écoulée à 80 % sous la marque de l’entreprise Ô Toulouse dans les GMS régionales (60 %) et sur les marchés de gros (40 %). Une commercialisation réalisée par Les Jardins de Lafrancaise, également dirigé par Gilles Briffaut. À plein régime, des tomates rondes et à farcir seront également cultivées. Les Serres de Bessières généreront alors « un chiffre d’affaires d’environ 6 millions d'euros », estime-t-il.
16 M€ d'investissement
Un investissement total de 16 millions d'euros aura été nécessaire pour faire sortir de terre la totalité de l’exploitation et ses 10 hectares de serre. « 6 millions d'euros ont été apportés par Agro Invest, autant par concours bancaire », indique le dirigeant, qui a lui aussi mis au pot. La Région Occitanie ainsi que FranceAgriMer ont apporté un soutien financier. « J’ai réfléchi ce projet comme celui d’une entreprise normale, en sortant de la vision classique de l’entreprise agricole », se souvient Gilles Briffaut.
Son principal problème se situe aujourd’hui du côté de la main-d’œuvre, « pas habituée à travailler sous serre dans cette région », explique-t-il. Fin mai, 110 personnes seront employées sur le site.
Un long parcours dans l’agriculture
Issu d’une famille d’éleveurs vendéens, Gilles Briffaut se définit comme « agriculteur depuis 1977 ». « Dans le Tarn, j’ai été producteur de vignes, céréales et pommiers », raconte-t-il. Partie prenante dans la reprise des Jardins de Lafrancaise, au début des années 1990 dans le Tarn-et-Garonne, il a également développé une culture de melons dans le Gers. « Je me suis également beaucoup investi dans la Sica Prunidor, à Bergerac. Pommes l’hiver, melons, prunes de table et raisins l’été : pour mon activité de production, répartie sur différents sites », développe le dirigeant. Sa holding familiale Fibaq, basée à Grenade, en Haute-Garonne, regroupe ses exploitations et détient 80 % des Serres de Bessières.