Pyrénées-Orientales : une centaine d’agriculteurs bloquent les camions venus d’Espagne, le marché Saint-Charles au ralenti
Il s’agit d’une action à l’appel de la Coordination Rurale dans le cadre de la reprise du mouvement de colère agricole (prix, coûts de production, excès de normes, distorsions de concurrence…) et de manifestations contre l’accord UE-Mercosur.
Il s’agit d’une action à l’appel de la Coordination Rurale dans le cadre de la reprise du mouvement de colère agricole (prix, coûts de production, excès de normes, distorsions de concurrence…) et de manifestations contre l’accord UE-Mercosur.
Mise à jour 20/11/24 : déclarations de la ministre de l’Agriculture en fin d’article + activité ralentie au marché Saint-Charles International
Ils avaient prévenu, ils l’ont fait. Une centaine d’agriculteurs a bloqué ce 19 novembre la frontière franco-espagnole sur l'A9, à la grande barrière de péage du Boulou, dans le secteur du Perthus, près de Perpignan (Pyrénées-Orientales), dans le sens Espagne vers France. Il s’agit d’une manifestation à l’appel de la Coordination Rurale, deuxième syndicat agricole, et dans le cadre de reprise du mouvement de colère agricole, avec en outre des manifestations contre l’accord UE-Mercosur.
Lire aussi : Accord Mercosur : Où sont les blocages des agriculteurs ? Que veulent-ils ?
Pour Philippe Maydat, président de la CR des Pyrénées-Orientales, l’objectif de ce blocage est de « montrer ce qui se passerait s'il n'y avait plus d'agriculteurs ». Il revendique que « le département des Pyrénées-orientales est un symbole. En plus d'avoir les mêmes problèmes que tous les autres collègues, on a la sécheresse. »
« L'objectif est de montrer ce qui se passerait s'il n'y avait plus d'agriculteurs »
L'A9 est un axe routier crucial pour le commerce entre l’Espagne et le reste de l'Europe, en particulier les fruits et légumes. Environ 10 000 camions y passent par jour pour transiter entre France et Espagne.
#Colère des #agriculteurs : #blocus de la frontière avec l'#Espagne pour les #camions et filtrage pour les voitures qui entrent en France #AgriculteursEnColere #a9 #le_boulou #pyreneesorientales #circulation #catalogne 📷FTV R.Sabathier.
▶️https://t.co/r1dxoWoyAP pic.twitter.com/TqGkfxeMeg— France 3 Occitanie (@F3OccitanieLR) November 19, 2024
Au péage du Boulou bloqué par la Coordination rurale sur l'A9, les camions en provenance d'Espagne sont bloqués. Seules les voitures passent au compte-goutte. pic.twitter.com/WLtxO23vPC
— France Bleu Roussillon (@bleuroussillon) November 19, 2024
Camions venus d’Espagne : « On va les bloquer, pas les vider »
Partis de Béziers depuis 7h du matin, rejoints en chemin par d’autres agriculteurs de l’Hérault, de l’Aude et des Pyrénées-Orientales, en tracteurs et en voiture, les manifestants sont arrivés peu après midi au péage, bloquant le passage du sud au nord (dans le sens Espagne vers France). Ils ont dégagé une voie pour permettre aux voitures de passer, ne bloquant que les camions.
« L'autoroute A9 dans le sens Espagne-France est bloquée par une centaine d'agriculteurs, juste après le péage du Boulou, dans le secteur du Perthus. Les manifestants, équipés de tracteurs et de bennes, bloquent les voies de circulation, rendant le passage impossible. Les véhicules légers et les poids lourds sont à l'arrêt, et le bouchon à l'arrière ne cesse de grossir. Il est fortement recommandé d'éviter le secteur », indique Radio Vinci Autoroute sur son site à 13h. Et de préciser à 14h15 que dans l’autre sens, la circulation en direction de l’Espagne s’effectue sans difficulté particulière.
Si le blocage se voulait filtrant à l'origine et devait laisser passer les voitures, les files ininterrompues de poids lourds les ont empêchées de se frayer un chemin.
« C'est une galère pour eux [les chauffeurs bloqués] mais nous, la galère, on la vit tous les jours dans le monde agricole, affirme Philippe Maydat (président de la CR 66) à nos confrères de l’Indépendant. On leur impose aujourd'hui ce que l'Etat français nous impose tous les jours ».
Gilets jaunes sur le dos, drapeaux estampillés « CR »... Et sur les tracteurs, on peut lire des panneaux « On se bat pour vous nourrir », « Agri viti en colère », ou encore « Jeune, on en rêve, vieux, on en crève ».
Les manifestants demandent leurs papiers à des chauffeurs de poids-lourds immatriculés en Espagne, pour contrôler les chargements, dénonçant « les importations déloyales et non-conformes ». Philippe Maydat l'assure, « on va les bloquer, pas les vider ». « On ne portera pas atteinte à leur matériel, comme le nôtre, il est sacré. L'idée est de bloqué tout le fret vers la France ».
#AgriculteursEnColere dans les P.-O. : Philippe Maydat, le président de la #coordinationrurale catalane s'exprime. #Boulou #Espagne #Perpignan pic.twitter.com/SbZ5ILiyEG
— L’Indep Perpignan (@LIndep_perpi) November 19, 2024
Pourtant, l’Indépendant affirme que des viticulteurs des Pyrénées-Orientales, dont certains se sont résignés à arracher leurs vignes, ont vidé deux camions-citernes contenant du vin blanc espagnol.
#AgriculteursEnColere - "Nous, on arrache et eux viennent vendre leurs vins !" : Les viticulteurs des P.-O., dont certains se sont résignés à arracher leurs vignes, ont vidé un camion citerne contenant du vin blanc espagnol. #Boulou #Espagne #Perpignan pic.twitter.com/F82koS0vb0
— L’Indep Perpignan (@LIndep_perpi) November 19, 2024
« Nous, on arrache et eux viennent vendre leur vin chez nous »
Une action de « blocage du fret alimentaire » à durée indéterminée
Les manifestants ont annoncé être déterminés à perturber plusieurs jours la circulation de l'Espagne vers la France. Pour cela, ils annoncent s’être organisés pour se relayer et être ravitailler.
Lors de cette action symbolique de « blocage du fret alimentaire » de la Coordination Rurale, les manifestants dénoncent leurs difficultés de plus en plus grandes, les baisses de prix exigées alors que les coûts de production augmentent, la partie administrative « de plus en plus gigantesque », l’excès de normes, les distorsions de concurrence avec nos voisins et autres concurrents du monde, l’accord avec le Mercosur.
Arnaud Poitrine, le secrétaire général de la Coordination rurale de l’Hérault, a déclaré au micro de BFM TV : « Il va falloir que les metteurs en marché comprennent qu’ils sont en train de nous tuer en nous demandant sur les négociations futures des baisses de 7 % de nos produits (…) sinon ils font venir de produits de l’étranger. (…) On ne peut pas continuer à baisser nos prix sans arrêt alors que nos coûts de production augmentent. »
Le marché Saint-Charles International au ralenti
Le marché Saint-Charles International ne reçoit plus aucun camion « depuis hier [mardi 19 novembre] 11h30 », selon l’Indépendant le 29 novembre au matin, citant le directeur du marché Cyril Gornes. « Même le réseau secondaire est fermé aux poids lourds. » Les entreprises fonctionnent sur stocks, l’activité « est au ralenti ».
Appelé à témoigner plus en détail, le marché Saint-Charles International n'a pas encore répondu à notre sollicitation.
Ne pas entamer « le capital sympathie » des Français, a averti la ministre de l'Agriculture
La ministre de l'Agriculture Annie Genevard a déclaré mercredi matin (20 novembre) sur France 2 que les « actes de dégradation, de blocage à la frontière espagnole » n'étaient « pas acceptables ». « Je pense que ce n'est pas raisonnable et ça ne sert pas la cause agricole » estimant que « ce mouvement de sympathie que les Français ont pour les agriculteurs [pourrait] se dissiper ».
Le même jour 19 novembre, d’autres manifestations d’agriculteurs de la Coordination Rurale ont eu lieu partout en France, particulièrement dans le Sud-Ouest, bastillon du deuxième syndicat agricole français, alors qu’il tient en parallèle son congrès national dans la Vienne à Chasseneuil-du-Poitou.
« Avant la fin de l'année, ceux qui ont besoin d'être soutenus dans leur trésorerie seront soutenus. Avant la fin de l'année, ceux qui ont besoin d'être indemnisés quand ils ont perdu des animaux seront indemnisés », a par ailleurs assuré la ministre de l'Agriculture.