Les protections de l’origine restent faibles hors de l'Europe
Jeudi 27 novembre, l’association française des indications géographiques (AFIG) a fait le point sur l’apport des protections européennes pour le commerce des AOP et IGP. Elles sont sensées les défendre contre les usurpations dont elles peuvent faire l’objet, comme le pruneau d’Agen qui subit de plein fouet la concurrence de faux pruneaux « d’Agen » venant d’Argentine, de Californie et du Chili privant ainsi le vrai pruneau d’Agen de marchés à l’exportation. « Un pruneau d’Agen fabriqué dans sa zone géographique reconnue coûte 5 à 6 fois le coût d’un pruneau argentin, 3 fois le coût d’un pruneau chilien et 2 fois le coût d’un californien. De plus ils sont tous cultivés dans des déserts irrigués et n’ont pas, ainsi, les mêmes contraintes de culture que chez nous, » constate Gérard Delcoustal, président de l’ODG pruneau d’Agen. Malheureusement, la route est longue pour obtenir la protection internationale via l’OMC. Reste la solution d’accords bilatéraux mais là aussi, tout se fait très lentement et coûte très cher.
Une protection aussi du territoire français
Autre cas, ceux du foie gras du Sud-Ouest ou du poulet du Gers, qui subissent la concurrence sur leur zone même de production. Si le foie gras du Sud-Ouest a demandé l’IGP, c’était pour protéger son propre territoire contre des importations plus ou moins officielles de foies venant de pays de l’Est ou d’Israël, transformé pendant la nuit et repartant avec l’étiquette Sud-Ouest. « Si l’on avait laissé faire, aujourd’hui il n’y aurait plus de fabrication de foie gras dans le Sud-Ouest. Les entreprises se seraient délocalisées et les producteurs auraient disparu, sans possibilité de reconversion, laissant derrière eux la désertification rurale, alors qu’au contraire, nous atteignons les 20 millions de canards annuels sous IGP et nous représentons 60 % du foie gras fabriqué en France, » explique Marc Roose, directeur de l’association du foie gras du Sud-Ouest (PALSO). Le poulet du Gers qui a obtenu son IGP en 1996 produit 6,3 millions de volailles et a généré 1 000 emplois directs avec un CA de 30M€. « Nous aurions pu nous trouver dans le même cas que le pruneau d’Agen, mais en Europe. Notre réputation a dépassé les frontières et nous courrions le risque d’être copiés, estime Gérard Lannelongue, gestionnaire du dossier à l’AFIG et trésorier de l’association. Nous ne voulions pas que l’on utilise notre nom alors que vrai savoir faire est chez nous. Donc nous nous sommes tout naturellement dirigés vers l’IGP »