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Commerce équitable
Les Français privilégient une alimentation responsable

Malgré la crise sanitaire, les achats responsables restent au beau fixe. Le commerce équitable, qui assure une juste rémunération des producteurs, se révèle être une tendance de fond et en devenir après une croissance de 22 % en 2019, selon Max Havelaard.

Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar. © Fabian Charaffi
Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar.
© Fabian Charaffi

Si un tiers des Français achète « le disponible » depuis le début du confinement, 65 % d’entre eux s'intéressent à l’aspect responsable des produits (bio, local, sans emballage, équitable) comme critère d’achat, révèle le sondage OpinionWay réalisé pour l’ONG Max Havelaar auprès de 1 092 personnes les 14 et 15 avril. La consommation de produits équitables pendant le confinement s’avère cependant hétérogène avec des denrées, telles que le chocolat, les légumes et le café, encore largement consommées alors que les achats de viande, sucre et thé diminuent (cf. graphique). « Après une croissance de 22 % en 2019, on pouvait craindre que la crise ait un impact sur les achats de produits équitables, mais ils se maintiennent bien. Nous sommes très satisfaits », se réjouit Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar.

La crise : un catalyseur du changement

Plus généralement, sept Français sur dix estiment que la crise sanitaire et économique actuelle illustre la nécessité de repenser nos modes de consommation. À la sortie du confinement, 80 % d’entre eux veulent privilégier des achats alimentaires responsables à travers un socle de valeurs communes que sont : la garantie d’une juste rémunération pour les agriculteurs (82 %), des conditions de travail dignes (82 %), une meilleure qualité nutritionnelle (81 %) et le respect de l’environnement (81 %).

Malgré la crise, plus des deux tiers des Français estiment que les agriculteurs sont insuffisamment rémunérés. « Cela révèle un niveau de lucidité extrêmement précieux pour l’avenir. Demain, quand on proposera des produits aux consommateurs, ils sauront réaliser un diagnostic », affirme Blaise Desbordes. Par ailleurs, plus de la moitié des interrogés estime que les pouvoirs publics et les GMS ne soutiennent pas suffisamment les agriculteurs en cette période de crise.

Ce sera un choc conjoncturel

Si le local est plébiscité par les consommateurs avec 54 % des interrogés en faveur d’une alimentation 100 % locale, beaucoup ne sont pas prêts à renoncer à certains produits exotiques, tels que le café ou le chocolat. « Cette apparente contradiction révèle l’adhésion des Français aux valeurs du local : une agriculture à taille humaine, une proximité et une solidarité entre l’acheteur et le producteur. L’enjeu est de garantir un prix juste et un bon développement local lointain », poursuit-il. À l’avenir, bien que le pouvoir d’achat sera une problématique croissante pour les consommateurs, l’ONG reste confiante. « Nous pensons que ce sera un choc conjoncturel, mais le bio comme le commerce équitable sont des tendances de fond et d’avenir », assure Blaise Desbordes.

Si Max Havelaar garantit aujourd’hui un commerce équitable Sud-Nord, l’ONG prévoit de développer des filières équitables locales. Plusieurs expérimentations seront lancées d’ici à 2021 dans des pays émergents, tels que l’Inde ou le Brésil, mais aussi en Europe, en France et en Italie.

Un fonds d’urgence pour soutenir les producteurs des pays en développement

Pour faire face à la crise, l’ONG Max Havelaar a créé un fonds d’urgence de 2 millions d’euros pour soutenir à court et moyen terme l’agriculture familiale dans les pays du Sud. « Nous craignons un choc sanitaire dans des pays ayant des structures trop faibles pour y faire face », explique Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar. Dans ce contexte, le commerce équitable démontre son utilité et ses valeurs en assurant des prix minimums garantis sur des marchés très volatils, tandis que le mécanisme de prime sociale de développement agit aujourd’hui comme un filet de sécurité minimum. « Il s’agit de protéger ce modèle de développement agricole durable et juste, qui remporte de plus en plus l’adhésion auprès des consommateurs comme des entreprises », poursuit-il.

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