Les fondamentaux effacés par la finance
Selon l’USDA, la production de soja américain est prévue en baisse et les perspectives d’exportations en hausse. Le marché des oléagineux reste cependant exposé, comme celui des céréales, à une financiarisation abusive, l’éloignant des fondamentaux.
Période du 10 au 16 novembre. La conjoncture du marché des oléagineux aura essentiellement été marquée par la publication du nouveau rapport du département américain de l’Agriculture (USDA) qui annonçait une réduction de la production et des stocks américains de soja pour l’actuelle campagne. La prévision de production de soja américain a été ramenée de 92,78 millions de tonnes (Mt) en octobre à 91,95 Mt du fait de la baisse estimée des rendements. Certaines sources privées sont plus pessimistes encore. La réduction des prévisions de récolte américaine a encore accentué celle des stocks qui, en l’espace de trois rapports, est passée successivement de 9,5 Mt en septembre à 7,2 en octobre, pour s’afficher à 5,03 Mt en novembre.
Courant d’export vers la Chine
Par ailleurs, les perspectives d’exportations de soja américain ont été une fois encore révisées à la hausse, passant de 41,37 Mt prévues en octobre à 42,73 en novembre. Le courant d’exportations vers la Chine (qui devrait venir en force aussi aux achats de maïs) justifie cet optimiste, renforcé par la demande en huile et, jusqu’alors, la fermeté du pétrole qui se détend d’ailleurs aujourd’hui. La tendance haussière des graines de soja s’était donc logiquement consolidée et les cours ont vivement réagi après la baisse qui avait suivi l’intervention de la Fed. Néanmoins, le marché des oléagineux et du soja en particulier reste exposé, comme celui des céréales (voir encardé) à une excessive financiarisation et à l’extrême volatilité des cours qu’elle provoque, loin des fondamentaux.
L’évolution des parités monétaires, qui entretient un dollar fort pour le moment, reste sous la pression des problèmes financiers de nos partenaires grecs et irlandais.
Faibles disponibilités en colza
Le colza a suivi les fluctuations du soja avec la même conjoncture de faibles disponibilités face à une demande très présente et confirmait de séance en séance une légitime orientation à la hausse depuis le début de la semaine dernière. Mais, mardi, les prix du colza refluaient dans le sillage des marchés financiers, au mépris des fondamentaux.
Il est bien entendu que compte tenu de l’exceptionnelle volatilité des prix, ceux indiqués dans la présente rubrique n’ont qu’une valeur indicative sur un écart d’une semaine.
Dans sa dernière note sur l’état des grandes cultures, le ministère de l’Agriculture confirme la baisse de la production française de colza cette année, avec 4,8 Mt, soit 15 % de recul sur l’an dernier.
La production de tournesol marquerait le pas avec 1,7 Mt, soit 3 % de moins que l’an dernier et son prix échappe aux péripéties financières ; il se confirme dans la fermeté à 500 euros, rendu St-Nazaire.
Les pois fourragers, dont la production est en hausse spectaculaire, + 96 % par rapport à l’an dernier, à 1,1 Mt, se sont stabilisés à 230 euros, Fob Creil.