Les emballages de l'avenir se conçoivent en France
La seconde édition d'Europack Euromanut CFIA s'ouvrira à Lyon le 17 novembre prochain. L'occasion de s'interroger sur l'innovation dans le secteur de l'emballage alimentaire. Recyclabilité, composés actifs, recours à la réalité augmentée, ou plus techniquement aux lois physiques pour améliorer l'aspect des produits... Tour d'horizon des dernières tendances.
La France, pays où sont nés le sachet Doypack® et les gourdes de compote, célèbres aujourd'hui dans le monde entier, entretient sa fertilité en conditionnements innovants.
Le Centre technique de la conservation des produits agricoles (CTCPA) et ses antennes régionales contribuent à la recherche de modes de conservation performants et appuient les industriels dans leurs conceptions de produits. Il est engagé dans des recherches sur les vernis sans bisphénol A (BPA), le polypropylène, les matériaux barrières monocouches recyclables, les emballages multicouches pour le foie gras et les plats appertisés, etc. Il est fortement impliqué dans la plateforme technologique innovante (PTI) Alimentec, inaugurée il y a un an à Bourg-en-Bresse, aux côtés de Lyon Ingénierie Projets, du pôle de compétitivité Plastipolis et des laboratoires Actalia et BioDyMIA de l'Université Lyon 1.
Le réseau Package in Bourgogne Franche-Comté (ex-Cepiec, un des premiers réseaux français de l'emballage) offre une veille complète et des échanges aux entreprises de l'emballage de leurs régions.
Emballages actifs : un retard ?Le Laboratoire national de métrologie et d'essais (LNE) développe quant à lui des moyens d'essais des matériaux, dont ceux destinés au contact alimentaire. Les projets de recherche fondamentale ne manquent pas en matière d'emballage et de conditionnement. Le CTCPA a participé au consortium européen Succipack visant au développement d'un emballage « actif, intelligent et durable » de polybutène succinate (PBS), dont le rapport final a été présenté à la fin de l'an dernier.
Des entreprises françaises y ont participé : ARD (recherche agroindustrielle) ; Leygatech (coextrusion et extrusion de matériaux d'emballage) ; NaturePlast (bioplastiques) ; Velflor (transformation du plastique). On retrouve encore le CTCPA et le laboratoire Ingénierie des matériaux polymère de l'Université Claude Bernard Lyon 1 dans le projet Ohm-pack qui vise à faire évoluer le conditionnement grâce au chauffage ohmique. Le laboratoire d'ingénierie des biomolécules de l'école Ensaia en Meurthe-et-Moselle a travaillé sur les films actifs antibactériens pouvant décontaminer des produits frais tranchés en surface. Il est question en priorité de chasser les bactéries posant des problèmes de santé, comme la Listeria, apprend-on auprès de Stéphane Desobry, professeur à l'Ensaia. « Le cadre réglementaire est en train de
“ Films actifs : les entreprises sont en phase d'évaluer l'acceptabilité des consommateurs
” s'achever. Les entreprises sont en phase d'évaluer l'acceptabilité des consommateurs », précise-t-il. Il attend des propositions de projets pilote de la part des industries agroalimentaires.
En matière d'emballages actifs, la France et l'Europe ont du retard sur le Japon et les États-Unis. Selon une thèse que vient de présenter Linda Monborren-Benabdillah, professeur à l'école de commerce extérieur Ieseg de Lille et dirigeante de la société de conseil Smart-InPack, c'est un constat depuis huit ans. Elle mentionne néanmoins parmi les pionniers les laboratoires normands Standa.
Des réussitesCe terrain fertile en France a donné récemment quelques réussites : les Twist, ces couvercles de pot de polypropylène pour plats nomades, contenant une sauce ou une garniture à libérer au moment de consommer. Mis au point par l'inventeur de la Pasta Cup avec le CTCPA d'Avignon, ils ont obtenu des oscars de l'emballage et de l'intelligence alimentaire, ainsi que le Sial d'or de l'in-novation 2014. Raynal et Roquelaure a mis ses sauces tomate Zapetti dans un pot léger en polyéthylène téréphtalate (PET) à col cristallisé pour le capsulage. C'était un oscar de l'emballage 2014 dans la catégorie consommation.
Autres oscars, dans la section des matériaux : les sachets Atlantica du fabricant Alpem, pour cuire des préparations fraîches en papillote, les récipients souples de Leygatech pour liquides. Sur le plan marketing, l'invention française sait aussi se distinguer par ses astuces. Ainsi l'agence de communication DDB se vante d'avoir insufflé à McDonald's un sac à emporter qui se transforme en plateau, visible actuellement en Hongrie. Sylvie Carriat