Consommation
Les acteurs du commerce équitable demandent un plan d’action pour passer à la vitesse supérieure
Alors que le commerce équitable a connu une croissance de 12 % en 2020, les acteurs du marché formulent plusieurs propositions pour accélérer le développement. Une TVA à 5,5 % fait partie de celles-ci.
Alors que le commerce équitable a connu une croissance de 12 % en 2020, les acteurs du marché formulent plusieurs propositions pour accélérer le développement. Une TVA à 5,5 % fait partie de celles-ci.
À l’occasion de la Quinzaine du commerce équitable, le collectif Commerce équitable France a dévoilé les résultats de son observatoire annuel. Le marché a très bien résisté à la crise en 2020, enregistrant une croissance de 12 % des ventes de produits équitables, qui atteignent 1,83 milliard d’euros. « Le marché a été multiplié par quatre en six ans. C’est énorme, et il semble avoir repris de la force avec le développement du commerce équitable en France. Son arrivée a été aussi l’occasion de donner un coup d’accélérateur aux produits issus de filières internationales », explique Julie Stoll, déléguée générale du collectif. Sur le chiffre d’affaires global du marché, 645 millions d’euros ont été réalisés par les filières françaises, soit 35 % du marché, enregistrant une croissance de 21,6 % par rapport à 2019.
Le marché a été multiplié par quatre en six ans
Les filières internationales ont, quant à elles, connu une progression de 8,15 %, à 1,18 milliard d’euros. Le café reste le produit phare du commerce équitable, issu des filières internationales, représentant 42 % des ventes, mais les produits à base de cacao font une belle percée avec un bond de 95 % depuis 2018. Ce sont les produits qui ont le plus progressé.
Les filières françaises tirent la croissance
Du côté des filières françaises, ce sont les produits laitiers et les fruits et légumes qui ont le plus crû, avec des ventes en hausse, respectivement de 200 % et 63 % depuis 2018. Le pain reste pour autant le produit le plus vendu en commerce équitable, grâce aux filières céréalières mises en place. Il est clair que le changement législatif intervenu en 2014, permettant au commerce équitable de s’ouvrir aux filières Nord-Nord, a permis une hausse importante de ce marché. Les ventes issues de ces filières ont plus que doublé en trois ans, de 323 millions d’euros en 2017 à 645 millions d’euros en 2020.
Leurs producteurs ont la visibilité pour se convertir au bio
Autre phénomène à prendre en compte dans cette croissance exponentielle : la double labellisation équitable et bio. Cette synergie se retrouve aussi bien au niveau de l’offre que du comportement des consommateurs. « Les entreprises qui font du commerce équitable sont dans une dynamique de partage de la valeur. Leurs producteurs se retrouvent dans une protection et une visibilité favorable aux investissements nécessaires pour se convertir à l’agriculture biologique », estime Julie Stoll. Parallèlement, les consommateurs sont toujours présents et affichent un intérêt grandissant sur les effets de leur consommation.
À l’instar de ce qui se passe dans les filières biologiques, la grande distribution développe de plus en plus son offre de produits équitables et tire la progression du marché. Elle reste le lieu de distribution principal, avec 54 % des ventes qui y sont réalisées en 2020, contre 42 % en 2018. La consommation hors domicile, et notamment les achats en restauration collective, a logiquement pâti du confinement et de la fermeture des établissements. Elle a représenté 19 % des ventes, contre 24 % en 2018. Et pour les filières françaises, la progression est particulièrement significative, le poids de la grande distribution passant de 14 % en 2018 à 29 % en 2020. « La grande distribution se réveille sur le commerce équitable. Elle comprend qu’il y a une demande et une offre. Elle entre en jeu », indique la déléguée générale.
Faire converger les « politiques sectorielles »
Tous ces chiffres encourageants pour les filières font dire aux acteurs qu’il est temps de mettre en place un plan d’action pour accélérer ce développement et permettre aux acteurs de passer à l’échelle. « Je suis toujours étonné de voir comment on pense en silo. On a, d’un côté, la loi Climat qui pourrait dans son article 66 consolider le commerce équitable, mais en ignorant la rémunération des producteurs et, de l’autre, la future loi Egalim 2 qui prend en compte la rémunération des producteurs, mais en ignorant le commerce équitable et la transition écologique », argue José Tissier, président de Commerce équitable France.
José Tissier considère qu’il y a des synergies à avoir et ne pas penser par « des politiques sectorielles ». Se faisant la parole des acteurs des filières du commerce équitable, il estime que des mesures, par exemple fiscales, pourraient être intéressantes, évoquant l’idée d’une TVA à 5,5 % qui existe déjà sur certains produits alimentaires, au lieu de 20,6 %. Autre levier possible, les cantines scolaires, avec la possibilité pour les filières équitables d’être incluses dans la part des 50 % de produits durables obligatoire d’ici à 2022. « Le commerce équitable avance. Il pourrait rejoindre les 50 % de produits durables, une fois que la loi Climat sera votée », conclut José Tissier.