Le Xinjiang et ses « paysans-soldats »
Le Xinjiang se caractérise par un modèle économique agricole hors du commun, mis en place et régulé par l’armée.
À Shihezi, ville modèle d’agriculture planifiée, le musée du Corps de production et de construction du Xinjiang (CCPX) accueille le visiteur par ces mots : « L’Histoire se souviendra toujours que la faim s’est transformée en oasis et fermes prospères, que des villes ont surgi du désert et que les frontières ont été solidifiées ». En 1949, la région a en effet accueilli massivement des immigrants hans démobilisés de la guerre civile. Ces corps de « paysans-soldats » ont défriché, colonisé et sécurisé la région frontalière. Aujourd’hui le système des bingtuan, fermes militaires, continue de recevoir près de 80 % de subventions gouvernementales, contrôle environ un tiers des surfaces arables et fournit un quart de la production industrielle du Xinjiang, le reste dépendant du secteur privé. Frontalier du Kazakhstan, du Kirghizstan et du Tadjikistan, le Xinjiang est un « petit » bout d’Asie centrale stratégique que la Chine entend garder à tout prix, malgré les revendications autonomistes des Ouïghours, la population turcophone et musulmane du Xinjiang.