Avis du Synabio
« Le secteur biologique doit garder sa capacité d’initiative »
Les Marchés Hebdo : Les règles de conformité vont prévaloir dans le futur règlement bio, hormis pour les accords bilatéraux. Comment les transformateurs appréhendent cette nouvelle donne ?
Charles Pernin : Deux cas existent. Le premier est celui des accords bilatéraux négociés avec 15 pays – États-Unis, Canada, Israël, Corée du Sud… Ces accords vont perdurer même s’il est prévu de les renégocier dans la perspective du nouveau règlement bio. C’est un chantier qui va être assez lourd mais l’échéance du 1er janvier 2026 a été fixée. Dans le second cas, il va y avoir davantage de changements puisque le règlement européen supprime la règle de l’équivalence au profit de la conformité, au 1er janvier 2024. Les pays qui n’ont pas de règlements nationaux vont devoir se mettre en conformité avec le règlement bio européen. Ce sont potentiellement les pays producteurs de nombreux produits exotiques comme le thé, le cacao, le sucre ou le café qui sont concernés. Mais a priori cela ne sera pas une révolution, car les cahiers des charges considérés jusqu’à présent comme équivalents sont déjà très proches du règlement européen. Bruxelles devra travailler en lien étroit avec les organismes certificateurs pour piloter au mieux ce passage à la conformité.
LMH : Quelles sont vos revendications concernant les futurs actes secondaires du règlement européen ?
C. P. : Nous voulons vraiment aller vers une harmonisation des pratiques de contrôle au sein de l’Union européenne. C’est l’esprit du texte européen, mais il faut que les règlements d’application soient suffisamment précis pour garantir cette harmonisation. Nous voulons également être force de propositions sur la liste des procédés autorisés en bio, qui devra tenir compte des réalités et des contraintes technologiques. Le nouveau règlement ouvre un important chantier sur les arômes utilisables dans les produits bios et sur la notion d’arômes bios, et là encore le Synabio sera proactif.
LMH : Quelle est la position du Synabio sur le développement de labels privés français mieux-disant ?
C. P. : Le règlement européen est un socle commun qui permet d’harmoniser les exigences, mais il ne dit pas tout de l'agriculture bio. Il y a des initiatives complémentaires pour promouvoir les valeurs fondatrices et continuer à faire progresser les pratiques. Au Synabio, nous avons par exemple un référentiel RSE, avec Bioentreprisedurable, et nous faisons monter les entreprises en compétence sur la maîtrise de la qualité des produits avec notre outil Securbio. Le secteur biologique doit garder sa capacité d’initiative pour continuer à construire à partir du socle réglementaire européen.