[Edito] Le retour du pouvoir d’achat
Comment sera le monde de l’après-Covid-19 ? Le changement des habitudes de consommation des Français pendant le confinement va-t-il perdurer ? Plusieurs spécialistes de la consommation ou sociologues se sont déjà aventurés à faire des projections même si l’exercice reste délicat, un tel évènement mondial ne s’étant encore jamais produit auparavant. Nous en avons déjà parlé dans ces colonnes, cette crise sanitaire a replacé les enjeux cruciaux de la santé, de l’alimentation et de l’éducation au cœur des préoccupations. Après plus d’un mois de confinement, d’autres phénomènes apparaissent qui devraient laisser une trace profonde dans la société française. L’arrêt de la restauration collective, dont il y a encore quelques semaines la Cour des comptes pouvait pointer son trop fort coût de gestion, crée des situations compliquées chez les familles les plus modestes. Et prouve ainsi son utilité sociale indiscutable. Espérons que l’État et les élus sauront s’en rappeler. Par ailleurs, plus de 10 millions de salariés sont aujourd’hui au chômage partiel et on est loin de connaître les conséquences de l’arrêt de plusieurs mois de la restauration par exemple sur l’emploi en France à terme. Quand Michel-Édouard Leclerc prédit que les problématiques de pouvoir d’achat vont revenir en force sur le devant de la scène dans les mois qui viennent, il a indubitablement raison. Le hard-discount, déjà en croissance avant la crise, devrait se trouver encore renforcé. Le regain de croissance des MDD va dans le même sens. Mais alors que le bio progresse rapidement, ce qui semble de plus en plus se profiler, c’est un renforcement de la fracture sociale en France, avec plusieurs catégories marquées de consommateurs. La crise économique se profilant, on peut facilement imaginer que les prix alimentaires vont cristalliser l’attention pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. L’État et les acteurs économiques devront néanmoins ne pas oublier l’importance stratégique que revêt la filière alimentaire française pour empêcher le retour d’une guerre des prix qui serait néfaste à l’intérêt général.