Le marché du bio se porte bien
9 % des fermes danoises sont biologiques. Les conversions se poursuivent sous l’effet de la croissance de la demande qui concerne désormais un quart des légumes, un quart des œufs, plus de 10 % du lait…
Soutenue dès 1987 par la volonté gouvernementale (Organic Act) puis l’obtention d’un label national dès 1989, la production bio danoise avait connu une croissance forte jusqu’au début des années 2000 avant de stagner. « Elle est repartie à la hausse ces dernières années, soutenue par une demande croissante des consommateurs danois, et donc des prix rémunérateurs pour les producteurs », expliquait Kristen Holt, directrice du département de l’innovation bio du Seges, institut de recherche appliquée en agriculture, lors du salon Agromek, à Herning (Danemark), du 29 novembre au 2 décembre 2016. « La certification garantie par l’État est gratuite pour les opérateurs du bio. Ils sont contrôlés au moins une fois par an, et sont tous listés sur www.fvst.dk, ce qui conforte les consommateurs dans leur confiance », poursuit-elle.
Aujourd’hui, 3 050 fermes (9 %) et 200 000 hectares (soit également 9 % de la surface) sont bios. 25 000 hectares sont en conversion. Les deux segments les plus en avance sont les fruits et légumes (24 % en bio) et les œufs (24 % en bio). Ces derniers ont progressé d’un tiers en quatre ans pour atteindre 14 000 tonnes. Mais le lait avance très vite : si 10 % du lait était bio en 2015, cette année, ce sera 12 % (470 millions/kg). Les poulets de chair (0,5 % soit 700 000 poulets par an) et les porcs (0,5 % soit 120 000 porcs) sont bien loin de ces performances sachant de surcroît que ces derniers vont beaucoup alimenter les marchés bios européens : 50 % du porc bio danois est exporté par exemple.
Sauf en 2013, année de sécheresse qui a fait particulièrement souffrir les éleveurs en bio, la rentabilité des produits animaux bios est toujours largement supérieure au conventionnel. Le lait bio est en moyenne payé au producteur environ 0,6 couronne danoise (DKK) par litre de plus, une différence qui s’est fortement accrue cette année avec 3,81 DKK/l contre 2,56 DKK/l pour un litre de conventionnel. « Les prix au consommateur restent toutefois comme avant, de l’ordre de +20 à +30 % pour le bio », précise Kristen Holt.
Manque de protéines bios danoises
La taille des fermes bios est de 71 hectares, exactement comme les fermes conventionnelles. « Nous espérons que la réglementation européenne va conserver la haute efficacité pour les fermes bios aussi », explique la spécialiste. Les fermes bios danoises se heurtent aux mêmes défis pour le renouvellement puisque les deux tiers des producteurs ont plus de 50 ans et, souvent, la dette plombe l’efficacité économique des exploitations. Enfin, si la différence de prix avec le conventionnel soutient les conversions dans le domaine des productions animales, ces dernières manquent de protéines bios danoises. D’où la promotion des algues comme matières premières, mais aussi l’ambitieux projet d’économie circulaire visant à extraire les protéines d’herbe pour les poules pondeuses et à recycler les jus dans des installations de biogaz.