Porc bio
Le Gouessant avance à pas de loup
Le Gouessant est un acteur ancien du bio, depuis le rachat de l’Ufab, l’Union française de l’agriculture biologique en 1998, et le développement d'activités de poulettes et d'oeufs bios. Mais dans le porc, c’est plus récent et cet acteur y progresse avec prudence.
Le groupe costarmoricain a démarré ses activités de production de porc bio il y a deux ans. Avec toute la prudence qui caractérise les entrants sur ce marché toujours en croissance, mais dont le souvenir de la crise de 2012-2013 qui avait vu la demande décrocher (laissant nombre de producteurs sur la paille) est encore dans tous les esprits. Aussi le credo du Gouessant –comme beaucoup d’autres, du reste- est-il de ne mettre en place que des animaux vendus au préalable. Ce spécialiste de la nutrition animale (828 000 tonnes, soit en valeur près de 90 % d’un chiffre d’affaires de 510 millions d’euros l’an passé avec 4 000 adhérents et 730 salariés) pilote actuellement cinq producteurs spécialisés en porc et accompagne cinq autres producteurs en attente de leur autorisation d’exploiter.
Des porcs uniquement sur paille
La section porc bio du Gouessant livre ses porcs à l’abatteur-distributeur Kermené (groupe E. Leclerc), pour un nombre non communiqué. « Nous sommes tout proche d’atteindre les objectifs de production fixés par notre partenaire industriel », explique Stéphane Jamet, directeur de la branche porc du Gouessant. Le groupe coopératif de Lamballe met un soin tout particulier aux installations des éleveurs. « Tous nos éleveurs, des naisseurs engraisseurs disposant de 80 à 130 truies, élèvent les porcs uniquement sur paille. Ils exploitent des bâtiments suffisamment performants pour éviter toute dérive du coût alimentaire, un point essentiel dans la production de porc bio, poursuit-il. Au besoin, nous leur demandons dès le départ de mettre aux normes leurs bâtiments ».
Il faut être méfiant avant de nouer un partenariat
Dans l’écoulement de la viande de porc, bio ou conventionnelle, ce qu’on appelle « l’équilibre carcasse » est un révélateur de la valeur du cochon. « Aujourd’hui, comme la demande se porte plus sur le jambon et la longe, la valorisation des autres pièces est plus compliquée, reconnaît Stéphane Jamet. Il faut être très méfiant avant de nouer un partenariat. » Autrement dit, il faut être sûr que l’acheteur sera en capacité de valoriser bonne partie des pièces, si ce n’est la totalité. L’intérêt de travailler avec un abatteur-distributeur est évident. Il a la capacité de valoriser l’ensemble de la carcasse contrairement aux salaisonniers qui, par définition, ne valorisent que les pièces qui les intéressent. Pour l’heure, les indicateurs restent au vert sur le marché de la viande bio dont l’offre devrait encore progresser cette année, comme elle le fait depuis quatre-cinq ans.
Se projeter dans deux à trois ans
La production devrait gagner 30 % en 2018, passant de 115 000 à près de 150 000 porcins, selon des données de la commission Bio d’Interbev. Autre indicateur d'un bon équilibre offre-demande, le niveau très bas des stocks de pièces congelées, quatre fois moins important en volume qu’à la sortie de la crise de 2012-2013, et la quasi-absence de pièces nobles, bons indicateurs de la fluidité du marché du frais. Mais attention « compte tenu des délais entre l’instruction des dossiers administratifs (douze à dix-huit mois) et le démarrage de l’exploitation (douze mois en moyenne), il faut avoir conscience que toute mise en place maintenant influera sur le marché dans deux ans et demi à trois ans », souligne Stéphane Jamet. Pour écouler la production à venir du Gouessant, celle des cinq producteurs en attente de leur autorisation d’exploiter, Le Gouessant ne prospecte pas vraiment. « Ce sont les clients qui nous appellent », ajoute Stéphane Jamet.