Les 3 Chouettes
Le condiment bio et local fait son chemin
La jeune entreprise francilienne Les 3 Chouettes a séduit des magasins de produits bios et d’épicerie fine et s’attaque à la grande distribution. Reportage.
La jeune entreprise francilienne Les 3 Chouettes a séduit des magasins de produits bios et d’épicerie fine et s’attaque à la grande distribution. Reportage.
Sous réserve que la situation actuelle ne ralentisse sa progression, 2020 devrait être une année de forte croissance pour la jeune entreprise Les 3 Chouettes, spécialisée dans les condiments bios et de proximité. L’entreprise créée en région parisienne par Élodie Germain et Delphine Dubois devrait passer cette année la barre du million et demi d’euros de chiffre d’affaires (contre 450 000 euros en 2019), à la faveur d’un référencement à Monoprix au rayon frais. « Les produits seront commercialisés sous une nouvelle marque Mazette, dédiée à la grande distribution, celle des 3 Chouettes étant réservée à l’épicerie fine », détaille Élodie Germain.
Un marché aux matières premières mondialisées
L’enseigne de centre-ville a été séduite par la gamme très originale développée par les deux jeunes femmes. « Nous nous sommes lancées pour proposer une alternative sur un marché des condiments aux matières premières mondialisées », explique la dirigeante, choquée « par la délocalisation de la production de cornichons en Inde » ou par « les ketchups produits à partir de tomates chinoises ». « C’est une aberration alors qu’il existe des productions maraîchères de grande qualité à l’extérieur de nos villes qui ne demandent qu’à être valorisées sous des formes gourmandes », explique-t-elle.
De cette idée va naître en 2018 une première gamme de pickles produits à partir de légumes bios issus d’exploitation de région parisienne, puis du Val de Loire et de Bretagne. Les choux-fleurs, courgettes, betteraves et carottes sont marinés dans des vinaigres doux parfumés d’épices et d’aromates et conditionnés dans des bocaux aux couleurs vives. Le succès aidant, Les 3 Chouettes sortent ensuite des mezze (betteraves, carottes, houmous) et enfin des ketchups, toujours à base d’ingrédients locaux et bios.
La croissance a conduit les deux fondatrices de l’entreprise à se doter d’un outil adapté. La fabrication est sortie de leurs cuisines pour un centre technique à Arras avant de prendre ses quartiers en 2017 sur le marché de Rungis. « Les responsables du chantier local d’insertion de l’Andes, le réseau d’épiceries solidaires, nous ont proposé de fabriquer nos condiments dans leur laboratoire de production de soupes », raconte Élodie Germain. Quant à la fin de 2017, l’association décide d’arrêter son activité de transformation, Les 3 Chouettes prennent en charge elles-mêmes la fabrication en recrutant des personnes issues du chantier d’insertion.
En quête de nouveaux locaux
L’implantation à Rungis a facilité l’approvisionnement de l’entreprise par ses partenaires maraîchers, dont quelques-uns livrent des grossistes. Les 3 Chouettes n’ont également que quelques mètres à faire pour dénicher les quelques ingrédients « exotiques » de leurs compositions : herbes aromatiques, gingembre, piment, etc. Élodie Germain et Delphine Dubois ont même déniché quelques distributeurs sur place comme Le Delas et Charraire.
Avec le développement prévu de la production, l’entreprise aura probablement besoin de déménager dans les mois qui viennent. « Nous aimerions rester sur le marché, mais il nous reste à trouver des locaux adaptés », conclut la fondatrice.
Une histoire de famille
Élodie Germain et Delphine Dubois, belles-sœurs dans la vie, ne viennent pas du monde agroalimentaire. La première vient du journalisme télévision, et l’autre de l’univers de la grande consommation (Procter & Gamble). C’est le goût pour une nourriture « bonne et saine » qui les conduit à lancer dans l’alimentaire une initiative « qui ait du sens ». Créée mi-2016, l’entreprise commercialisait ses premiers produits à la Grande Épicerie dès le mois de juillet 2017. Depuis sa création, l’entreprise a ainsi produit et vendu plus de 200 000 bocaux. Les volumes devraient doubler cette année.