Étiquetage
Le chantier sur l’origine des viandes en RHD relancé
Fragilisée par les importations et sous la menace de nouveaux accords commerciaux, la filière volaille a décidé de passer à l’offensive. Elle a besoin, à l’instar de la filière porcine, de l’obligation de l’étiquetage de l’origine des viandes en restauration pour lutter contre ses importations.
À l’occasion de son discours d’ouverture du Space à Rennes, le 10 septembre 2019, Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture, a annoncé que le chantier sur l’étiquetage de l’origine des viandes, cher aux filières volaille et porcine, allait être relancé. « Nous allons remettre en chantier le dossier de l’étiquetage de l’origine des viandes. Les parlementaires sont motivés, le gouvernement les soutient », a-t-il souligné.
Au sein du cabinet du ministre, on confirme la mise en place d’un groupe de travail d’ici à la fin de l’année. Il s’agirait d’étendre à toutes les viandes l’obligation d’étiquetage de l’origine en restauration, déjà mise en place pour la viande bovine. L’interprofession de la volaille de chair (Anvol), s’est félicitée de cette avancée et appelle à l’écriture du décret tant attendu assez rapidement. « Nous sommes très demandeurs d’étendre l’expérimentation qui est faite en grande distribution sur les produits élaborés à la restauration. Les Français veulent consommer de la volaille française, alors donnons-leur cette information pour qu’ils puissent faire leur choix en connaissance de cause », indique Anne Richard, directrice d’Anvol et de l’Itavi.
Notre objectif est qu’un décret paraisse rapidement
Craignant la signature de l’accord de libre-échange avec le Mercosur, la filière volaille est repartie à l’offensive cet été pour tenter de relancer la machine et obtenir un accord du gouvernement quant à l’obligation d’étiqueter l’origine des viandes en restauration. La France reste la destination prioritaire des importations en Europe compte tenu de sa différence de compétitivité par rapport aux autres européens.
À l’occasion d’une conférence de presse sur le Space, Anvol rappelait que 80 % des volailles consommées en restauration sont importées, contre 10 % en GMS. « Notre objectif est qu’un décret paraisse rapidement. C’est une étape très importante. Pour l’instant, nous n’avons vu aucune trace de texte. Comme il doit être notifié à Bruxelles, ce qui nécessite un délai de trois mois, le calendrier est plutôt fixé sur 2020 », précise Anne Richard.
L’origine des produits au niveau européen
Mais la filière et les syndicats agricoles voudraient aller plus loin en réussissant à obtenir une harmonisation sur le sujet en Europe. Une pétition a été lancée au niveau européen afin d’obtenir l’obligation de l’étiquetage de l’origine quel que soit le pays de l’Union européenne. Sous le nom de Eat Original, la pétition avait déjà réuni 878 272 signatures de citoyens européens le 16 septembre.
L’initiative citoyenne européenne (ICE) doit recueillir un million de signatures pour pouvoir devenir une proposition législative. Il ne s’agit pas uniquement des filières viande, mais de l’origine de l’ensemble des produits alimentaires consommés en Europe. Côté français, Familles rurales, Jeunes Agriculteurs, la FNSEA participent à cette initiative.
Obligation pour la viande bovine
Conformément au décret du 17 décembre 2002, les établissements de restauration doivent indiquer de manière lisible et visible dans les lieux où sont servis les repas, l’origine des viandes bovines utilisées dans la préparation des plats ou vendus au consommateur. Le décret no 2016-1137 du 19 août 2016 relatif à l’indication de l’origine du lait et des viandes utilisées en tant qu’ingrédient a permis d’étendre cette obligation d’étiquetage aux produits élaborés à base de viande bovine, tels que les pizzas, les sauces bolognaises, etc.