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Le Cese vote un avis pour en finir avec la guerre des prix



Utiliser des lieux neutres lors des négociations, revoir leur temporalité, renforcer les sanctions face aux pratiques illégales, voici quelques propositions émises par le Cese pour mettre fin à la guerre des prix. La Feef croit plus aux contrats pluriannuels qu'en de nouvelles mesures législatives. En revanche, elle voit les contrats tripartites comme des usines à gaz. Pourtant, ce type de contrat fonctionne chez Biolait. Enquête.

Voté le 11 mai dernier, l'avis du Cese sur les circuits de distribution des produits alimentaires met en avant un ensemble de préconisations pour réunir les conditions d'un meilleur équilibre des relations commerciales. Tour d'horizon.

La guerre des prix montre que l'on va dans le mur », déclare Albert Ritzenthaler, secrétaire confédéral CFDT et rapporteur de l'avis du Cese sur les circuits de distribution des produits alimentaires. Adopté avec 191 votes pour, zéro contre et quatre abstentions le 11 mai dernier, cet avis dresse un constat connu de tous de valeur ” et livre un certain nombre de préconisations pour « redonner sens, valeur et confiance à l'alimentation ». « L'élément le plus frappant de ces dix dernières années reste la guerre des prix. Les marges se réduisent partout drastiquement. La situation est délétère. Et cette guerre des prix continue. Il suffit qu'une enseigne continue pour que les autres suivent. Ce système va vers une destruction de valeur », estime le rapporteur de l'avis au nom de la section de l'Agriculture, de la Pêche et de l'Alimentation. Citant Iri, il indique que le consommateur en profite à peine puisque cette guerre des prix ne lui rapporterait que trois euros par mois. Pour tenter de faire évoluer la situation, le Cese évoque un certain nombre de recommandations, issues de 250 amendements liés aux discussions avec de nombreux acteurs du monde de l'agroalimentaire, des coopératives aux industriels, en passant par les grossistes ou encore les producteurs. Le Cese soutient notamment l'initiative du gouvernement de réaliser un bilan de la LME qui doit évaluer, d'ici à la fin de l'année, ses conséquences sur la situation des différents acteurs, l'évolution des mécanismes de formation des prix et des marges et les implantations de nouvelles surfaces commerciales. « La guerre des prix est liée à la LME qui a modifié l'équilibre des relations commerciales en donnant plus de place aux GMS », a rapporté Albert Ritzenthaler.

Avoir un ispositif qui ndique la chaîne e valeur

Un lieu « neutre » pour négocier

Au-delà de ce bilan, le Cese plaide en faveur d'une modification du déroulement des négociations commerciales : information juridique, développement de la for-mation des acteurs à la négociation, organisation des négociations dans un lieu extérieur « neutre » si l'une des parties le demande. Le conseil économique se pose également la question de revoir la temporalité de ces négociations, et notamment de la date butoir du 28 février qui « ajoute à la pression » ambiante.

Il milite ainsi pour un recours plus large aux contrats pluriannuels et envisage, pour certains produits, un système de négociations en deux temps, « tout en faisant état des risques qu'il présenterait pour les entreprises de transformation, notamment à statut coopératif ». « Des négociations en cascade pourraient se concevoir dans un premier temps entre producteurs et transformateurs aux alentours de septembre, puis dans un second temps entre les transformateurs et les industriels. Mais évidemment, cela pose question pour la coopération qui a sa propre organisation interne » détaille Albert Ritzenthaler. Toujours dans l'idée de « réunir les conditions d'un meilleur équilibre dans les relations commerciales » le Cese appelle au renforcement du poids des interprofessions, qui ne sont « pas assez opérationnelles » dans certains cas et qui n'ont pas « les moyens d'agir car il existe une règle de l'unanimité », selon le rapporteur. « Il y a donc une minorité de blocage qui limite leur capacité d'action. Il faudrait faire sauter ce verrou », ajoute-t-il. « Les interprofessions pourraient ainsi définir des indicateurs de marché, élaborer des contrats-cadres ou fixer des niveaux planchers et plafonds de prix et volumes », expose le Cese.

Réguler les comparateurs de prix

Estimant que les consommateurs ont également leur rôle à jouer pour diminuer la guerre des prix, le Cese souhaite qu'ils soient sensibilisés à la chaîne de valeur des produits qu'ils achètent. « On propose que dans chaque enseigne il y ait un dispositif qui indique la chaîne de valeur de certains produits et leurs effets sociaux, environnementaux », stipule le rapporteur de l'avis, ajoutant qu'il s'agirait d'une démarche volontariste. Système U a d'ailleurs déjà expérimenté ce type de dispositif

REPÈRES

3 euros par mois est le gain de la guerre des prix pour le consommateur.

45 % des consommateurs vont vers d'autres circuits que la grande distribution. sur le lait de consommation et sur les tomates. Pour le Cese, cela permettrait également de mieux identifier les signes officiels de qualité et d'origine, et d'améliorer la traçabilité et l'information à destination des consommateurs. Enfin, il se montre favorable à un encadrement réglementaire plus strict des comparateurs de prix et de la publicité comparative entre distributeurs, ainsi qu'à la suppression des prospectus « papier ». « Il faut remettre en cause ces prospectus qui n'informent le consommateur que sur le prix et non sur la valeur des produits », conclut Albert Ritzenthaler. A.-S. L.

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