3 questions à
« Le bien-être animal est désormais largement intégré dans les démarches RSE de nombreuses entreprises », selon Lucille Bellegarde (CIWF France)
3 questions à
Lucille Bellegarde, responsable des affaires agroalimentaires au CIWF France.
©
CIWF France
Où en sont les entreprises agroalimentaires sur le sujet du bien-être animal ?
Lucille Bellegarde – Le bien-être animal est désormais largement intégré dans les démarches RSE de nombreuses entreprises. C’est une vraie évolution par rapport aux années 2010, où il restait un sujet annexe. Aujourd’hui, il fait partie intégrante des stratégies d’une majorité d’acteurs. Cette thématique prend plus de place dans la société, cela résonne donc dans le monde agroalimentaire. En revanche, cela ne signifie pas que tous les objectifs affichés par les entreprises sont suffisamment ambitieux et satisfaisants. Les filières volailles sont les plus avancées en matière de prise d’engagements, notamment les œufs avec une majorité d’engagements hors cage à horizon 2025 ou la filière volaille de chair avec les entreprises engagées dans l’European Chicken Commitment pour 2026. À l’inverse, la filière porcine reste aujourd’hui à la traîne. Par exemple, très peu d’entreprises ont pris des engagements hors cage transversaux pour l’ensemble des truies dans leurs approvisionnements. Il s’agit plutôt de projets pilotes ou de gammes différenciées.
La filière laitière a la chance de pouvoir s’appuyer sur une pratique largement répandue du pâturage, qui est l’une des forces de la filière française, mais il reste beaucoup d’autres enjeux de bien-être animal à traiter.
Selon vous, le mode d’élevage est-il significatif du bien-être animal ?
L. B. – Pour qu’une information sur le mode d’élevage soit éclairante du point de vue du bien-être animal, elle doit être basée sur des critères structurants (comme l’accès à l’extérieur, la densité en bâtiments…). Ils renseignent sur le potentiel de bien-être animal d’un système de production. Cette information permet d’intégrer l’enjeu du bien-être animal dans l’équation environnementale, comme dans le cas du Planet-score, ainsi que d’inciter les consommateurs à faire la distinction selon les modes de production. L’étiquetage du mode d’élevage est une première approche intéressante, cela pourrait pour autant être plus large. L’étiquette Bien-être animal va plus loin, par exemple en incluant également le transport et l’abattage dans son évaluation. Aujourd’hui, la Commission européenne aspire à la création d’un système d’étiquetage à plusieurs niveaux, comportant une information sur le mode d’élevage.
Les distributeurs en font un argument d’achat, mais est-ce un argument de vente auprès du consommateur ?
L. B. – D’après la consultation citoyenne menée en ligne par l’Union européenne en mars 2022, 65 % des sondés estiment n’avoir pas assez d’informations sur le bien-être animal. L’intérêt pour le sujet a augmenté. En 2021, 29 % des Français ont déclaré prendre en compte l’étiquette EBEA lorsqu’ils font leurs courses. Le bien-être animal est un argument d’achat déclaré par les citoyens, bien sûr les déclarations sont à nuancer face aux actes d’achat réels, surtout dans le contexte actuel. C’est notamment pour ça que CIWF encourage les marques à adhérer aux démarches d’étiquetage comme l’EBEA ou le Planet-score, pour partager une information claire et fiable sur le sujet aux consommateurs.