Distribution
L’avenir du e-commerce alimentaire reste encore à construire
Comparé à d’autres secteurs, la pénétration du e-commerce reste encore modeste dans les achats alimentaires. Au vu des changements de comportement de consommation, il semble y avoir cependant un potentiel énorme à capter.
Comparé à d’autres secteurs, la pénétration du e-commerce reste encore modeste dans les achats alimentaires. Au vu des changements de comportement de consommation, il semble y avoir cependant un potentiel énorme à capter.
D’après l’observatoire des usages Internet de Médiamétrie, 37,4 millions d’internautes ont effectué des achats en ligne au premier trimestre 2018, soit plus de 8 internautes sur 10 (85,5 %). Cela représente 893 000 cyberacheteurs de plus qu’il y a un an. « Le e-commerce concerne aujourd’hui tout type de produits, y compris des produits du quotidien des Français comme l’alimentaire. Près de la moitié des internautes a déjà effectué un achat alimentaire en ligne. Les plus grands distributeurs se sont d’ailleurs tous mués en e-commerçants et on retrouve deux acteurs français spécialisés du secteur dans le top 15 des sites de e-commerce », selon Jamila Yahia-Messaoud, directrice du département consumer insights de Médiamétrie, citée dans un de ses communiqués.
Les plus grands distributeurs se sont tous mués en e-commerçants
Médiamétrie et la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad) ont publié les résultats d’une étude exclusive « e-commerce alimentaire » menée du 12 au 23 avril 2018 auprès de 2 000 internautes de 18 ans et plus. Selon cette enquête, 47 % des internautes ont déjà acheté un produit alimentaire sur Internet. Il reste donc une majorité de personnes (53 %) qui n’a pas passé ce cap, laissant entrevoir un potentiel important.
Parmi les freins cités par les non-adeptes de ce type d’achats, les craintes liées à la nature des produits reviennent le plus : incapacité à contrôler leur qualité via la vue ou le toucher (77 %) ou impossibilité de vérifier la fraîcheur (24 %). Ce n’est donc pas un hasard si les produits d’épicerie arrivent en tête des produits achetés sur Internet avec 36 % des commandes. Le drive tire surtout la croissance du e-commerce avec une progression de 8,5 % en 2017.
Entrée de nouveaux acteurs
Mais en parallèle de la grande distribution, qui va devoir s’adapter pour faire face à la concurrence croissante d’Amazon notamment et de ses initiatives sur l’alimentaire (La Boutique des producteurs), d’autres circuits tentent d’imposer leurs modèles alternatifs pour vendre des produits alimentaires, souvent sur le modèle de la vente directe. De nouveaux acteurs apparaissent sur le web comme la place de marché de producteurs, baptisée Pour de bon lancée par Webedia et Chronopost il y a deux ans, l’Epicery racheté par Monoprix ou les livraisons de paniers recettes comme Quitoque (racheté par Carrefour), Cook Angels, Illico Fresco, ou encore les achats groupés de producteurs locaux (La Ruche qui dit oui). L’arrivée de tous ces nouveaux acteurs bouleverse le paysage du e-commerce alimentaire.
Des places de marché de producteurs
En période de préparation des fêtes de fin d’année, certains s’en sortent plutôt bien, selon leurs dires. « Le mois de décembre va représenter environ 30 ou 35 % de notre chiffre d’affaires. Nous allons être à plus de 100 % de croissance par rapport au mois de novembre. Cette année, notre offre s’est étoffée. Et en ce moment, ce sont les foies gras crus, les huîtres ou le saumon qui tirent la croissance », se félicite Nicolas Machard, directeur général de la place de marché de producteurs Pour de bon.
Décembre va représenter 30 ou 35 % de notre chiffre d’affaires
Créée il y a deux ans grâce à l’impulsion de Chronopostfood et de son service Chronofresh, la plateforme propose toute une gamme de produits en direct des producteurs. Actuellement, 150 producteurs et artisans sont référencés sur le site pour plus de 6 000 références de produits proposés. Si le critère principal reste la détention d’un label (bio, IGP, AOP, agriculture raisonnée…), la plateforme a pris le parti de ne référencer que des petites PME de moins de 40 millions d’euros environ. « Notre force est de permettre de commander auprès de plusieurs producteurs et de tout recevoir en une seule livraison à un horaire choisi », informe Nicolas Machard.
Un effet gilets jaunes ?
Et les manifestations des gilets jaunes n’ont pas obligatoirement renforcé ses ventes cette année. « Certaines personnes préfèrent en effet acheter en ligne que de se déplacer en magasins, mais ils ont aussi peur que leur livraison n’arrive pas, d’autant plus que nous sommes sur des produits frais. L’un dans l’autre, les effets s’annulent », estime le dirigeant.
Pourtant, selon une étude Opinionway-Perifem sur les Français et le sentiment de sécurité dans les commerces, 56 % des consommateurs changent leur mode de consommation ou s’apprêtent à le faire. Selon cette enquête, 43 % des Français déclarent qu’ils vont davantage privilégier les commerces en ligne au détriment des magasins physiques pour leurs achats de Noël. Les barrages ont eu raison de certains déplacements des Français, qui sont 30 % à s’être moins rendus dans les commerces.