La sécheresse relance les cours
À la mi-décembre, dans son rapport mensuel sur l’offre et la demande mondiales de soja, le département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) n’avait pas modifié ses prévisions de production pour l’Amérique du Sud. L’USDA estimait toujours les productions brésilienne et argentine à des niveaux élevés en 2012 (respectivement 75 millions de tonnes et 52 millions de tonnes). Même si la situation ne semblait pas alors alarmante, les opérateurs surveillaient de plus en plus la pluviométrie au Brésil et en Argentine, ainsi qu'au Paraguay et en Uruguay. À ce moment-là pourtant, les prix étaient encore orientés à la baisse.
C’étaient les chiffres de l’USDA sur les utilisations du soja américain qui avaient surtout retenu l’intérêt. La baisse des exportations et, ce qui était moins attendu, la baisse de la trituration, conduisaient à une réévaluation du stock de report à un niveau nettement plus confortable que le mois précédent. La demande en tourteau était en panne aux États-Unis quant à l’exportation, alors que le Brésil affichait des exportations fort dynamiques, les graines nord-américaines peinaient toujours à être compétitives sur le marché mondial. Il n’en fallait pas plus au cours du soja pour prendre le chemin de la baisse sur le marché de Chicago.
Retour en force des fondamentaux
Le courant s’est inversé depuis. La Niña, phénomène connu et redouté des producteurs, semble s’être durablement installée sur l’Amérique du Sud et des dégâts irréversibles sont déjà constatés en particulier dans le Parana, deuxième État producteur du Brésil. Au nord du Brésil toujours, les premiers rendements constatés sont très variables et l’absence de pluies programmée jusqu’à la fin janvier peut s’avérer dommageable, y compris pour les zones sud. En Argentine, la pluie fait également défaut mais un retour des précipitations peut encore sauver les récoltes. Les estimations privées qui fleurissent sont en net décalage avec les dernières prévisions de l’USDA. Elles donnent une fourchette de 46-48 millions de tonnes pour l’Argentine et de 70-73 millions de tonnes pour le Brésil.
Ce retour en force des fondamentaux a fait passer au second plan les inquiétudes liées à la crise économique mondiale ou à celle de la zone euro. Les cours sont maintenant sur une pente ascendante, même si la période des fêtes de fin d’année n’est guère traditionnellement favorable au développement des affaires. Les opérateurs qui sont maintenant de retour attendent avec impatience
le prochain rapport de l’USDA prévu le 12 janvier, qui devrait prendre en compte la sécheresse sud-américaine. Ils gardent également un œil sur la situation en Iran et plus particulièrement sur le détroit d’Ormuz, avec l’impact que cette nouvelle « gesticulation » nucléaire peut avoir sur le prix du pétrole et donc des huiles oléagineuses.