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Fabricants d’aliments
La nutrition animale veut fédérer pour reconquérir le marché national

Les rencontres de la nutrition animale, organisées pour la première fois le 14 octobre à Paris par le Snia et La Coopération agricole, ont pointé comment ce maillon, au cœur des productions végétales et animales, veut et peut contribuer à la reconquête du marché national.

Pour le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie, la nutrition animale est un « acteur clé du maintien d’un élevage de qualité et de l’accès à une alimentation saine et accessible pour nos consommateurs ». Il intervenait en visioconférence lors des premières rencontres de la nutrition animale, le 14 octobre. C’est exactement ce que souhaitaient illustrer les organisateurs, les deux syndicats qui regroupent les fabricants d’aliments pour animaux français, La Coopération agricole nutrition animale, présidée par Jean-Luc Cade, et le Syndicat national de la nutrition animale, présidé par François Cholat.

« Le fabricant d’aliments n’est pas qu’un fournisseur, mais aussi un partenaire. Il contribue à nourrir toutes les bouches. Notre ambition avec ces premières rencontres de la nutrition animale est de créer le dialogue, car les situations complexes dépassent chaque métier. Et, maillon intermédiaire dans la chaîne alimentaire, nous sommes sans cesse interpellés, souvent dans l’urgence, avec des injonctions parfois contradictoires entre le court terme comme la flambée du prix des matières premières et le long terme avec les questions environnementales et climatiques. Or, nous avons des solutions », estime Jean-Luc Cade. Il souhaite en tendant la main aux filières animales que cela puisse être davantage dans l’anticipation. « Durant le confinement, la nutrition animale a eu zéro défaut, nous avons toujours livré les élevages », rappelle François Cholat.

Ne pas laisser les importations accaparer l’entrée de gamme

Pour les responsables, la stratégie De la ferme à la table proposée par la Commission européenne présente des éléments positifs puisque la nutrition animale y est reconnue comme secteur essentiel, mais la décroissance n’est pas une solution pour reconquérir notre souveraineté alimentaire. « Il ne faut pas laisser les importations accaparer l’entrée de gamme. Or, elles ont déjà fortement repris depuis la fin de la crise Covid », pointe François Cholat, inquiet par les chiffres d’importation de volailles et de porcs.

« Il faut avant tout, indique Ludovic Michel, directeur général des Ets Michel, porter l’information de l’origine des viandes au consommateur, quels que soient le circuit de vente et le type de produit, notamment les produits transformés. On a vu pendant la crise que lorsque le consommateur a la main, il choisit plutôt des produits français. »

L’autonomie protéique est une des clés de la souveraineté alimentaire. C’est tout l’intérêt de la relocalisation de la culture et de la trituration de graines de soja français par Maïsadour avec le reconditionnement d’une ancienne usine d’aliments en site de trituration. « L’investissement a été facilité par la subvention dans le cadre du plan de relance, mais une telle filière doit pouvoir se projeter sur un temps long pour mobiliser les producteurs », explique Jean-Louis Zwick, directeur du pôle animal de Maïsadour. Le secteur souhaite aussi ne pas être oublié dans le cadre de France 2030.

Inviter les autres acteurs dans ses démarches collectives

La nutrition animale française a également l’habitude de démarches structurantes auxquelles elle invite les autres acteurs des filières. C’est le cas notamment d’Oqualim. L’association, créée il y a treize ans avec l’Afca Cial (regroupant les fabricants d’aliments minéraux et d’additifs pour la nutrition animale) et les associations régionales, coordonne les démarches sanitaires avec, notamment, des plans de surveillance collective partagés par toutes les entreprises. « La sécurité sanitaire, c’est un fondamental dans nos métiers », souligne Frédéric Monnier, président d’Oqualim et directeur général de la Cavac.

Il invite les éleveurs et les fournisseurs à rejoindre la démarche. « Le sanitaire, ce n’est pas qu’une contrainte, c’est un investissement », souligne Bruno Ferreira, directeur général de l’alimentation au ministère de l'Agriculture, qui pointe l’exigence des marchés d’exportation pour lesquels la sécurité sanitaire constitue un préalable. Oqualim porte aussi la certification des bonnes pratiques de fabrication, reconnue au niveau international, ce qui permet, par exemple, aux éleveurs laitiers de vendre leurs laits aux laiteries labellisées Vlog.

Autre démarche collective, Duralim, la plateforme pour la durabilité des approvisionnements de l’alimentation des animaux d’élevage, engagé dans la démarche Zéro déforestation d’ici à 2025. « L’objectif est aussi de sortir de l’amalgame "soja égal déforestation". Notre premier observatoire, lancé en début d’année, nous a déjà permis d’identifier tous les flux de soja et de cibler ceux qui n’ont pas de garantie de non-déforestation. Cela ne veut pas dire qu’ils sont "déforestants", mais nous devons réduire ce risque », résume Jean-François Arnauld, président de Duralim et éleveur et céréalier. Son ambition est de fédérer tous les acteurs des filières végétales et animales françaises autour de l’enjeu de cette durabilité de la nutrition animale.

Enfin, du côté de la décarbonation, la nutrition animale travaille sur sa logistique comme Sanders, dont la flotte de camions roule à l’Oléo 100 ou Eureden qui teste pour ses livraisons, le gaz naturel comprimé issu de la méthanisation de ses adhérents agriculteurs.

Les syndicats alertent sur la hausse des micro-ingrédients

Les deux syndicats de la nutrition animale ont alerté le 18 octobre les interprofessions « filières animales » sur la hausse spectaculaire des micro-ingrédients, urée, magnésie et phosphates notamment avec, par exemple : +100 % pour l’urée en trois mois. Cette augmentation s’ajoute à la flambée des prix des matières premières en un an (+21 % en blé tendre, +28 % maïs, +33 % orge, +12 % soja), la surprime du soja sans OGM (280 €/t) et la hausse encore plus forte en bio (tourteau de soja bio : 1 250 €/t contre 600 l’an dernier).

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