La nourriture du futur
« Que mangerons-nous en 2030 ? » Le Festival de l’alimentation à la Cité des Sciences début décembre à Paris tentait de répondre à la question. Pas de pilules, de nourriture prédigérée ou en poudre, comme on l’imaginait dans les années 1970. Mais plutôt « une cuisine durable » capable de répondre à une population mondiale qui dépassera 9 milliards d’habitants en 2050. Un scientifique en physico-chimie de la matière de l’université Paris-Sud, Raphaël Haumont, et plusieurs chefs, dont Thierry Marx, ont imaginé des repas du futur. L’idée commune : utiliser au maximum tous les coproduits (manger tout dans l’orange par exemple, y compris la peau en mélangeant la purée de fruit avec des pectines spéciales riches en calcium). Le chercheur a aussi élaboré des contenants à base d’algues, testés en apesanteur lors d’un vol parabolique avec Thomas Pesquet – ce jeune astronaute français qui aujourd’hui fait partager à ses abonnés sur Twitter son quotidien dans la Station spatiale internationale (ISS) à 400 km d’altitude. Mayonnaise à spiruline, gâteau au chocolat à la poudre d’insectes étaient également au menu de la table du futur. La recherche et le développement ont encore le temps d’évoluer d’ici à 2030, mais pour l’heure, l’agroalimentaire en France s’oriente vers les protéines alternatives, les textures inédites, les fruits et légumes produits en ville, comme l’a montré le colloque du même nom organisé le 15 décembre toujours à la Cité des Sciences. Peu de place pour les protéines animales, les produits du terroir, les produits laitiers ? Pas si sûr, la science devrait aider à mieux comprendre et à rendre les systèmes de production plus durables tout en améliorant la qualité des produits. En revanche, comme le prône Thierry Marx, leurs quantités devraient probablement évoluer à la baisse par foyer. « Il faut en revenir aux principes de l’Antiquité grecque : je mange mieux, je mange moins et je comprends ce que je mange », estime le chef. Le futur ? Un éternel recommencement du passé.