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La montagne toujours en quête de définition

La journée mondiale de la montagne a eu lieu très officiellement le jeudi 11 décembre. Une manifestation passée un peu inaperçue en France, alors même que notre pays est le premier pays concerné en Europe. 6 200 communes françaises sont situées en zone de montagne, soit 25 % du territoire. Elles accueillent près de 5 millions d’habitants et beaucoup plus de personnes encore lors des périodes touristiques.

L’économie des régions de montagne repose en grande partie sur l’activité agricole et de transformation, en particulier sur le lait. « 20 % des producteurs laitiers sont en zone de montagne, ce qui représente 3 milliards de litres, soit 14 % de la collecte nationale », a rappelé Anne Richard, de l’interprofession laitière, mercredi dernier à l’occasion du lancement d’un site de ressources d’information sur la montagne www.lemangeur-montagne.com animé par l’observatoire CNIEL des habitudes alimentaires. La situation géographique des producteurs de montagne induit des coûts de revient de 4 % à 15 % plus élevés qu’en plaine, soit un surcoût moyen de collecte de 12 euros pour 1 000 litres de lait, a poursuivi Anne Richard.

70 % du lait de montagne mal valorisé

Or la valorisation liée à cette situation géographique est très inégale, estiment les professionnels. Les producteurs livrant ou fabriquant des fromages AOC s’en sortent le mieux. Cela représente des volumes non négligeables : 30 % du lait produit en montagne est destiné à des appellations d’origine pour lequel les producteurs sont payés plus chers. « C’est bien, mais il reste tout de même 70 % du lait produit en montagne qui ne bénéficie pas de cette valorisation et se trouve en concurrence directe avec le lait d’autres régions françaises ou mondiales », corrige Anne Richard. Une petite partie de ces 70 % restants sont valorisés (moins bien, mais valorisés tout de même) via la marque « produit de montagne », une démarche privée correspondant à une simple « mention valorisante ». « Environ 220 millions de litres de lait portent cette marque, surtout du lait UHT, notamment en marque de distributeurs », précise la directrice « économie et qualité » du CNIEL.

Le lait est la principale filière représentée au sein de l'association Altitude, qui gère la démarche et le logo Produit de Montagne. L'association, présidée par l'influent Dominique Barrau, producteur de lait et secrétaire général de la FNSEA, rassemble, outre le lait, quelques filières de viande bovine et porcine et des eaux, soit 50 à 60 entreprises. « Mais le développement des produits « montagne » reste toujours freiné par l'absence d'une reconnaissance explicite de la dénomination au niveau communautaire, comme celle dont bénéficient par exemple les produits 'bio' », déplore Henri Nayrou, député de l'Ariège et président de l'association nationale des élus de la montagne (Anem). Bruxelles y semble réticente, faisant valoir que la notion de montagne, telle qu'elle résulte de la délimitation dans chaque Etat membre des zones agricoles en difficulté, fluctue considérablement d'un Etat membre à l'autre (…) », a-t-il déploré.

Elus et professionnels ne veulent pas se résigner au statut quo. Euromontana, association multisectorielle (mais créée à l'origine par des organisations professionnelles agricoles) a lancé en décembre 2005 au Parlement européen une charte «des produits agroalimentaires de montagne de qualité», impliquant notamment que la matière première provienne d'une zone de montagne et que la transformation y soit réalisée. La charte, qui a été signée par 69 organisations de 12 pays, est depuis 2007 relayée par une autre initiative d'Euromontana, le projet scientifique Euromarc. Il vise à évaluer le potentiel économique des produits de montagne et à étudier les conditions d'application de la charte.

Les professionnels comptent également manifester leurs desiderata dans le fameux Livre vert ouvert par la Commission européenne.

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