La météo fait les prix
Aux États-Unis, les cours du soja poursuivent leur progression en début de semaine à la Bourse de Chicago, portés par la sécheresse qui sévit depuis plusieurs semaines en Amérique latine, notamment en Argentine. Malgré quelques pluies le week-end dernier, cette situation de sécheresse pousse certains analystes privés à revoir à la baisse la production de soja en Amérique latine. Ce jeudi, le département américain de l'Agriculture (USDA) devrait confirmer la baisse des productions brésilienne et argentine, à l'occasion de la publication de son rapport mensuel sur l'offre et la demande mondiales.
Sécheresse en Argentine, pluies au Brésil
L’état des récoltes de soja en Amérique du Sud est toujours préoccupant. Les pluies ont arrosé les différentes régions de façon très inégale.
L’Argentine souffre d’un déficit hydrique sévère qui a causé des dégâts irréversibles. Plus de la moitié des cultures se trouverait dans une situation critique. Le Brésil est en revanche victime d’excès de pluies dans les régions productrices du nord du pays qui endommagent les cultures arrivées à maturité et retardent la moisson des parties restantes.
Les prévisions de récolte ne cessent d’être révisées à la baisse : 46,5 millions de tonnes (Mt) seulement pour l’Argentine (contre 49,2 Mt en 2011) et à peine 70 Mt pour le Brésil (contre 75,3 Mt en 2011). Or, on avait misé sur la production de l’hémisphère sud pour pallier en partie la défaillance de l’hémisphère nord, notamment celle des Américains. L’optimisme était encore de mise quelques semaines avant la trêve hivernale. 2011-2012 sera l’une des très rares campagnes où tous les pays du « G3 » ( États-Unis, Brésil et Argentine) enregistrent en même temps une baisse de récolte, de plus dans des proportions importantes. De son côté, la Chine qui accuse, pour la troisième année consécutive, un recul de sa production, contribue naturellement à un déséquilibre des bilans.
Chute de la production mondiale de soja
Fort heureusement, la campagne avait démarré avec des stocks de report confortables. Mais si cela permet de réduire la tension sur le marché du soja, ce n’est qu’à la marge car le poids de la chute de 17 Mt de la production mondiale pèse particulièrement lourd. Les stocks se contractent un peu partout et les prix augmentent depuis la mi-décembre. Cette fermeté concerne en premier lieu les cours des tourteaux de soja et, à un degré moindre, ceux des graines de soja. L’impact sur l’huile est plus nuancé, du fait de l’influence des facteurs propres au marché des huiles végétales, comme la suppression depuis le début 2012 des subventions à l’incorporation du biodiesel aux États-Unis. Il n’en est pas moins réel car la raréfaction de la trituration du soja entraîne forcément une offre plus réduite.